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Est-il possible de travailler au sein de la police tout en étant aveugle ?
Découvrez le parcours hors du commun de Stacy Vermeiren, un policier qui a perdu la vue à l’âge de 25 ans.
Stacy travaillait jusqu’en 2005 dans un service d’intervention. Suite à un tragique accident, il perd la vue. « J’ai été affecté à un service d’enquête et de recherches. J’occupe donc la fonction d’enquêteur au sein de la police judiciaire locale de Charleroi depuis 2008. J’analyse les données téléphoniques dans le cadre de dossiers judiciaires relatifs à des vols avec violences, je procède à des auditions des témoins, victimes et suspects et je retranscris également des écoutes téléphoniques, des appels aux services d’urgences et des auditions vidéo filmées », explique-t-il.
Cependant, le fait de continuer à travailler dans la police tout en étant non-voyant ne coulait pas de source : « au début, il était impensable que je travaille au sein d’un service de police en conservant mon statut d’opérationnel. Après avoir fait mes preuves, j’ai pu démontrer que le handicap n’était pas un frein à mon retour au travail et qu’il était tout à fait possible pour moi de réaliser des tâches de bureaux, même si parfois j’ai besoin de l’aide d’un collègue, par exemple pour me lire un document manuscrit. »
Stacy explique aux personnes qu’il convoque et interroge qu’il a perdu la vue : « ces dernières remarquent vite que j’utilise une canne blanche dans mes déplacements. Les réactions sont positives. On me dit souvent que c’est courageux d’avoir repris le travail malgré ma situation. Parfois les gens sont impressionnés de me voir prendre des notes sur un clavier traditionnel rapidement lors des auditions. »
La charge de travail peut être conséquente : « nous devons gérer beaucoup de dossiers à la fois et c’est toujours frustrant de voir certains d’entre eux classés sans suite faute de moyens. »
De plus, certaines retranscriptions ne sont pas évidentes à écouter : « lorsqu’il s’agit de dossiers sensibles en lien avec des abus sur des enfants, ce n’est pas toujours facile sur le plan psychologique. »
Ce travail d’enquête est possible grâce à une synthèse vocale et un clavier braille. En effet, un clavier traditionnel ne lui permet pas d’accéder à certaines fonctions qu’une plage braille lui offre. Il peut ainsi relire ses dossiers comme ses collègues.
Malgré son handicap, Stacy a pu conserver son poste de travail au sein de la police judiciaire locale de Charleroi, même s’il a fallu de sa part, mais aussi de la part des personnes de son service s’adapter à cette nouvelle réalité. Cela a permis à son entourage de se rendre compte qu’il est possible d’être policier et aveugle. Il arrive également à la police d’engager des personnes non voyantes pour retranscrire des écoutes téléphoniques et des auditions vidéo filmées.
« J’avais envie de faire un métier qui était différent chaque jour, avec de nombreux contacts humains et de l’action. L’objectif d’identifier des auteurs en recherchant un maximum d’indices afin qu’ils soient confrontés à la justice me plaît énormément ! »
Dans son temps libre, Stacy passe beaucoup de temps avec ses deux enfants. Il aime faire de la course à pied, écouter des livres en audiodescription et s’intéresse au football.
Mon avis
Je suis très touchée par le parcours de Stacy Vermeiren. J’ai voulu réaliser cet article pour prouver encore une fois qu’une personne aveugle peut vraiment tout faire ! Merci à lui d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.
Pour en savoir plus
Un article sur Stacy Vermeiren paru le 27-07-2010 dans le journal « DH les sports+, « 1er policier aveugle, Je vis davantage depuis que je ne vois plus ».
https://bit.ly/2ZQRTOM
Celya Mbembe & Sassoun Markoussian