Yasmine Pejom est administratrice au cycle de la Florence à Conches. Depuis le 19 janvier 2022, elle est marraine d’Hoshi, un jeune labrador retriever femelle destiné à devenir chien guide d’aveugle.
« J’aime beaucoup les animaux. Comme je travaille à 90 %, je ne souhaitais pas avoir un chien et qu’il reste tout seul à la maison. De plus, la direction de l’école ne voulait pas que je vienne travailler avec un animal. J’avais déjà entendu parler des chiens guides d’aveugles. Je savais qu’ils restaient dans des familles d’accueil pour une période définie d’une année et demie environ. J’en ai parlé avec mon directeur qui a revu sa position. C’est comme ça qu’Hoshi est arrivée. »
Depuis lors, la jeune chienne accompagne tous les jours l’administratrice à son travail.
C’est la première expérience de Yasmine Pejom avec un chien : « Je suis super contente. Ce n’est vraiment que du bonheur ! »
Renforcement positif
Elle a dû apprendre de nombreuses techniques pour éduquer le labrador retriever. Des mots et des gestes spécifiques sont utilisés. L’éducation est basée sur le renforcement positif : « Je dois féliciter Hoshi à chaque fois qu’elle fait quelque chose de bien. Et ne pas réagir le cas contraire. Ce n’est pas intuitif. Je me rends compte que nous ne le faisons pas souvent avec les êtres humains. Nous félicitons rarement les élèves quand ils font quelque chose de bien. Par contre, quand ça ne va pas, nous levons fréquemment le ton. Alors que si nous faisions du renforcement positif, nous en aurions tout à y gagner. Tout le monde serait plus motivé à bien faire les choses ! »
À l’école
Hoshi a très vite été adoptée par toute l’école : « J’ai beaucoup de chance, l’équipe est très chouette. La direction me soutient dans ce projet. Le concierge est très compréhensif, car le labrador retriever perd beaucoup de poils et il arrive qu’il y ait des petits accidents. »
L’établissement compte 800 élèves et une centaine de professeurs : « Hoshi doit être un des chiots le plus caressé au monde ! »
Il arrive même que l’animal vienne en aide à des élèves en difficulté : « Un élève a une phobie scolaire. Il est venu voir Hoshi avec l’infirmière scolaire. Cela l’a calmé suffisamment pour qu’il puisse retourner en classe. Nous étions contentes de cette première expérience. »
L’apprentissage
Les débuts de l’apprentissage posent quelques difficultés à Yasmine Pejom : « Hoshi ne sait pas encore ce qu’elle a le droit de faire ou pas. Par exemple, elle est censée faire ses besoins sur une grille d’égout. C’est assez difficile, elle n’y arrive pas encore tout le temps. J’ai aussi de la peine à savoir quand elle veut faire ses besoins. En l’observant, je dois analyser ses gestes pour mieux comprendre ses intentions. »
La première sortie dans un supermarché était plutôt cocasse : « Hoshi a attrapé une paire de chaussettes pour homme qu’elle ne voulait plus lâcher. Finalement, j’ai dû les acheter (rires) ! »
Chaque obstacle revêt une attention particulière : « Par exemple, quand je me promène au bord de la rivière, il y a deux barrières en quinconce. Il serait très facile pour moi de laisser passer le chien sous la barrière et de récupérer la laisse de l’autre côté. Mais si je me mets à la place d’une personne non voyante, celle-ci serait embêtée. Je dirige alors le chien pour qu’il parcourt réellement le circuit dans lequel la personne doit passer, sans avoir besoin d’effectuer des manipulations. L’animal acquiert ainsi les bons gestes dès le début. »
Sur un passage piéton, c’est le même principe : « Je dois vraiment marcher au centre et aller jusqu’au bout du passage piéton. Il faut éviter que la personne guidée soit mise en danger. »
La Fondation romande pour chiens guides d’aveugle est propriétaire du chien. Elle prend entièrement en charge la nourriture et les frais de vétérinaire.
Stéphanie Duvoisin, la superviseure des familles de parrainage pour la Suisse romande vient régulièrement pour parfaire l’éducation d’Hoshi : « Elle me donne de précieux conseils et des solutions dans toutes les étapes de son apprentissage. »
La restitution
« Actuellement, je n’ai pas le droit de récompenser le chien avec de la nourriture. Les seules récompenses autorisées sont les caresses et la voix. C’est seulement quand elle va apprendre à guider qu’il y aura des récompenses alimentaires. Je sais qu’Hoshi aura du plaisir à faire ce travail. Elle est déjà très motivée avec mes félicitations actuelles. »
Dans un an et demi, il va falloir rendre le chien à la Fondation pour qu’il se fasse former de façon intensive : « Comme c’est ma première expérience, je n’ai pas encore vécu le moment de la restitution. Aujourd’hui, je profite du moment présent. C’est vraiment chouette, Hoshi est vraiment mignonne, l’éducation se passe bien. Bien sûr, le jour où arrivera le moment des pleurs, alors je pleurerai comme tout le monde. Mais je sais que c’est pour quelque chose de positif. Je suis convaincue que le chien guide changera la vie d’une personne mal voyante ou aveugle. »
Yasmine Pejom recommande cette expérience à toute personne qui a le temps, l’énergie et l’envie de s’occuper d’un chiot : « C’est beaucoup de plaisir et cela offre aussi la possibilité d’aller partout avec un animal. C’est une présence qui apporte beaucoup. »
La plaque signalétique de la porte du bureau de Yasmine Pejom
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