Décrit par la gériatre américaine Allison Clark en 1975, le syndrome de Diogène caractérise un trouble du comportement menant à des conditions de vie insalubres. On trouve chez ces patients des accumulations compulsives d’objets inutiles sans limitation ou syllogomanie (difficulté persistante à se débarrasser d’objets). Le nom du syndrome remonterait à Diogène de Sinope, philosophe grec du 4ème siècle avant J.C qui vivait dans un tonneau sans aucune hygiène personnelle.
Le trouble comprend quatre symptômes de base : la syllogomanie, l’incurie (manque de soin et d’organisation), l’entassement et la misanthropie (aversion pour tout genre humain) En effet ces personnes pour la plupart assez âgées, en plus d’entasser des objets, n’éprouvent plus le besoin de se laver et de prodiguer quelconque soin personnel. Ils méprisent aussi les autres et de ce fait se renferment chez eux sans laisser rentrer d’intrus. Souvent ils meurent dans leur capharnaüm et l’équipe de nettoyeurs ou de pompiers ne retrouvent leur cadavre que plusieurs temps après.
Selon la littérature psychiatrique, le syndrome viendrait de traumatisme lié à l’enfance et serait réactivé après un intervalle de temps par un nouveau traumatisme ou situation de stress (tels le deuil ou une séparation). Est-ce la peur du vide qui vient se traduire en toc de remplissage ?
« Le trouble de la thésaurisation » se caractérise par une difficulté à se débarrasser ou à se séparer des biens quelles que soit leur valeur réelle et, dans la plupart des cas, est associé à l’acquisition continue d’objets.
Le diagnostic du syndrome est reconnu dans le DSM-V si le trouble de disposophobie (accumulation compulsive) n’est pas comparable à d’autres troubles mentaux (tel un trouble obsessionnel compulsif). Notons que le fait de garder en souvenir des objets peut être tout à fait normal, mais l’accumulation compulsive associée à un manque d’hygiène relève le caractère psychiatrique de l’affaire. Il est impossible pour les personnes atteintes de ce syndrome de se séparer de quelconque objet, pensant que ce dernier pourrait encore servir pour le futur ou prendre une valeur financière avec le temps. Le paradoxe survient lorsque les objets entassés sont tout de même abandonnés d’une manière détériorée, n’importe où dans le lieu de vie.
En réalité, le syndrome de Diogène bien que touchant spécialement la personne en âge avancé, peut aussi toucher une génération plus jeune. Il existe, selon les études menées, des signes précurseurs qui peuvent alerter les membres de la famille par exemple un entassement pathologique d’objets que la personne ne peut plus ranger ou la tendance à un approvisionnement excessif menaçant l’économie familiale, le tout accompagné d’un retrait social important.
À ce stade, nous pourrions également nous demander si le syndrome peut toucher certains pseudo-clochards. Parfois ces derniers ont un foyer qu’ils abandonnent d’eux-mêmes pour aller s’installer dans la rue avec une quantité énorme d’objets entassés.