Un chien à tout faire

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En 2011, la rédaction de Synergies a réalisé un reportage sur les chiens d’assistance pour les personnes en situation de handicap moteur ou épileptiques.

Le chien a toujours été utilisé pour aider l’homme (armée, chiens policiers, etc.). L’association « Le Copain » va encore plus loin en formant des chiens d’assistance pour personnes handicapées.

Les débuts
L’association « Le Copain », basée à Granges en Valais, existe depuis 1993. Elle forme des chiens d’assistance pour les personnes en situation de handicap moteur ou épileptiques. Elle a été créée par Jean-Pierre Fougeiret. Au chômage, il voit un reportage sur les chiens d’assistance en France et aux États-Unis. Cela lui donne envie de se lancer dans l’aventure. Depuis, l’association a remis plus de 200 chiens.

À Genève
Les familles qui désirent accueillir un chien doivent soumettre un dossier de candidature à l’association. Des visites sont organisées afin de déterminer si la famille est adéquate. Le chiot, âgé de huit semaines, y passe une année et demie afin d’être socialisé. Les monitrices apprennent à ces familles à gérer le chien. Après deux mois, des devoirs leur sont confiés afin de permettre une bonne évolution du chien. Jusqu’à cinq mois, celui-ci apprend sans problème. Il est capable de faire les positions de base. Mais cela se complique vers six à huit mois : le chien entre dans sa phase d’adolescence. Il se rebelle et teste ses maîtres. Par exemple, il revient moins fréquemment quand on l’appelle. Cette période difficile pour les maîtres est très importante. Il faut être très strict et conséquent avec le chien.
Tous les frais occasionnés par le chien, comme la nourriture et le vétérinaire, sont payés par l’association. Le chien quitte ensuite sa famille d’accueil et commence sa formation finale de six mois au Centre en Valais.
Nous avons rencontré Sylvain, Christine et Corinne qui accueillent chacun un chien pour l’association. Pour Sylvain, retraité, il s’agit de sa première expérience. Il avait envie de travailler avec des professionnels de l’éducation canine afin de mieux comprendre le chien. Pour Christine qui a découvert l’association « le Copain » grâce à ses enfants, il n’y a que du positif ! Elle se sent utile. Quant à Corinne, elle a déjà eu deux chiens qu’elle a dû faire piquer lorsqu’ils étaient en fin de vie. Elle ne veut pas renouveler cette expérience et veut quitter le chien lorsqu’il est encore en bonne santé. « Ce chien rendra heureuse une autre personne autant qu’il m’a rendue heureuse ! Ce n’est que du bonheur malgré un gros investissement en temps et en travail. Nous avons renouvelé l’expérience, car le groupe et les chiens sont sympathiques.
Cependant, la séparation est toujours un moment difficile. On l’appelle “le samedi des pleurs”. Mais la personne handicapée nous a beaucoup remerciées. Voir la joie dans ses yeux nous a motivées à retenter l’aventure », expliquent Christine et Corinne.

Les méthodes
Les méthodes sont naturelles, sans contrainte et avec récompenses (biscuits, cervelas, jouets, etc.). Elles sont utilisées avec le chien dès son plus jeune âge. La récompense est diminuée au fur et à mesure que le chien apprend les choses et sait les faire. Les chiens sont en principe opérationnels dès l’âge de deux ans. Quelquefois, des échecs peuvent survenir. Par exemple, le chien peut dominer la famille d’accueil. Il faut alors lui en trouver une autre. Les chiens peuvent travailler jusqu’à l’âge de douze ans environ si leur santé le leur permet.

Les races
Le Golden Retriever et le Labrador Retriever sont les races utilisées. Ces chiens robustes et résistants s’adaptent très bien à de nombreuses situations.

Activités quotidiennes
La chabraque jaune (dossard) que portent les chiens montre qu’ils travaillent. La principale tâche du chien est d’accompagner la personne. Il peut ouvrir ou fermer une porte et des tiroirs moyennant des adaptations simples. Ils ramassent facilement des objets tombés sur le sol, même un téléphone portable. Cependant, il y a des objets plus difficiles à ramasser, comme des ciseaux ou des couteaux qui demandent un apprentissage plus long.
« Nous avons même un chien qui ramasse des pièces de cinq centimes », nous dit Michèle Chiorino Preisig.
Les bénéficiaires peuvent prendre leur chien au travail, mais celui-ci doit être irréprochable.
Théoriquement, les chiens d’assistance sont acceptés partout, mais ce n’est malheureusement pas toujours le cas en Suisse romande. Par exemple, la FNAC interdit l’entrée aux chiens. Il peut aussi y avoir des difficultés liées à l’hygiène, surtout dans les magasins d’alimentation.

Financement

Il faut compter 25 000 CHF pour un chien formé qui est remis gratuitement au bénéficiaire. L’AI paie occasionnellement la moitié de la somme.

Exercices
De nombreux exercices sont effectués :

  • Tenir des positions : le chien ne doit pas bouger lorsqu’il est assis, debout ou couché.
  • Effectuer différents types de marches : lente ou rapide, en laisse, sans laisse (le chien doit rester immobile et attendre que son maître l’appelle), marcher au bord d’un pont pour leur apprendre à maîtriser la peur du vide, marcher en reculant. Le chien doit être à l’aise partout que ce soit en ville, à la campagne ou dans les centres commerciaux. Il ne doit avoir peur de rien.

Le chien doit rester immobile et attendre que son maître l’appelle.
Le chien doit rester immobile et attendre que son maître l’appelle

« Mon chien Django me tenait compagnie. Je savais que j’étais attendu lorsque je rentrais chez moi. Il facilitait les contacts. Souvent les personnes caressaient le chien avant de me dire bonjour », explique Cédric Gentina, ancien bénéficiaire. « Grâce à Django, j’avais moins besoin qu’on s’occupe de moi. Quelquefois, il m’a aidé dans des situations délicates. Par exemple, un jour j’étais sur les toilettes et je n’avais pas de sonnette pour appeler le personnel soignant. C’est lui qui a ouvert la porte et est allé chercher quelqu’un ».
Cependant, avoir un chien implique également des contraintes. Il faut le sortir quotidiennement et faire face aux intempéries. En cas de neige ou de verglas, une tierce personne est nécessaire.
« Mon chien savait que j’étais handicapé et il en a profité quelquefois pour faire des bêtises. Le plus difficile a été de me faire respecter », souligne Cédric Gentina.

Chien au pied

Informations pratiques

www.lecopain.ch

Critères nécessaires

  • Désirer un chien
  • Avoir la motivation nécessaire pour prendre la responsabilité du chien
  • Avoir un handicap compatible avec la conduite d’un chien
  • Faire une demande auprès de l’Association LE COPAIN
  • Passer un entretien préalable avec deux collaborateurs de l’Association Participer au stage de formation (deux semaines)

Autre prestation
Certains chiens sont mieux prédisposés à accompagner des personnes épileptiques ou narcoleptiques (voir encadré). Ils sont sélectionnés par les monitrices, car ils sont plus à l’écoute de leur maître. Cette formation est plus longue et plus complète. Le chien est plus rapidement mis en relation avec les bénéficiaires pour apprendre les comportements adéquats. Il doit réagir aux crises de la personne et aboyer pour attirer l’attention. Le bénéficiaire est ainsi moins dépendant et se sent plus en sécurité.

La narcolepsie
La narcolepsie se caractérise par une somnolence anormale dans la journée appelée somnolence diurne. Elle peut durer de quelques secondes à trente minutes et survenir dans des situations délicates, voire dangereuses, comme une file d’attente, un trajet en transports en commun, en voiture, en traversant la rue, ou en prenant un bain. Elle est fréquemment associée à une cataplexie, autrement dit, une perte soudaine de tonus musculaire. Le chien d’assistance s’avère alors très utile. Il stoppe la personne juste avant les dangers : routes, escaliers, sorties de garage. Il veille à côté d’elle quand elle est en cataplexie. Il est sensible à certains sons annonciateurs d’une crise. Il aboie alors pour attirer l’attention.

D’autres animaux
Des essais avec des singes capucins ont été réalisés. Celui-ci peut tourner les pages d’un livre, ce que ne peut pas faire le chien. L’expérience a été abandonnée, car le singe reste un animal sauvage. Arrivé à un certain âge, il devient agressif.