Celya Mbembe, rédactrice à Synergies, s’intéresse au paranormal depuis son plus jeune âge. Les fantômes existent-ils vraiment ? Une maison peut-elle être hantée ? Pour en savoir plus, elle a interviewé avec ses collègues Massimo Rossini, fondateur de XBI Paranormal Investigations, un groupe de recherche du paranormal. Créé en 2005, celui-ci compte actuellement 31 membres répartis entre la France, l’Italie et la Suisse.
Massimo Rossini possède une sensibilité à l’invisible, mais n’aime pas être qualifié de médium : «Je ne suis qu’un canal au travers duquel les défunts communiquent. Ce don vient de ma grand-mère paternelle. Je me suis dit que je devais l’utiliser pour aider les autres, qu’ils soient vivants ou morts. C’est pour cela que j’ai créé le groupe de recherches XBI avec quelques amis.»
Ses toutes premières expériences avec le paranormal sont visuelles : «À l’âge de six ans, chaque soir, quand j’allais me coucher, je voyais un pendu au balcon et ça me terrorisait. Je m’enfuyais alors de ma chambre pour aller dormir avec mes parents. Mais j’avais peur de leur en parler. Je suis donc resté des années sans rien leur dire. Le jour où nous avons déménagé, cela s’est arrêté. Bien plus tard, j’ai eu le courage d’en parler à mon père qui était policier. Il a été un peu surpris. En effet, il m’a appris que dix ans auparavant, le voisin du haut s’était pendu. À l’époque, c’était très difficile à vivre et effrayant, mais aujourd’hui je fais la part des choses. »
Sa famille le comprend et le soutient. «Je n’ai jamais caché ce don à ma femme. Cela lui a valu quelques frayeurs à la maison, mais elle a appris à vivre avec. Mes filles, âgées de 8 et 15 ans, m’entendent également parfois parler tout seul. Il est possible qu’elles héritent aussi de ce don. Je ne veux pas qu’elles soient perdues, mais qu’elles sachent de quoi il s’agit contrairement à ce que j’ai vécu. Pour cela, j’ai commencé un petit livre où je relate régulièrement toutes les expériences vécues lors de mes enquêtes.»
Massimo explique qu’il peut entendre, voir une entité ou alors ressentir l’énergie d’un endroit. Il a également une théorie sur ce que l’on appelle fantôme.
«À la mort, l’enveloppe charnelle s’ouvre comme une coquille et cette énergie quitte le corps et s’en va dans une autre dimension. En fonction des circonstances du décès, il se peut que ce corps éthérique reste sur le lieu, comme si la personne ne comprenait pas qu’elle est morte. Il s’agit d’une entité intelligente avec laquelle nous pouvons avoir une interaction et peut-être l’aider si elle le souhaite.»
Nous trouvons également des énergies résiduelles : «Ce phénomène se produit souvent lors de guerres sur les champs de bataille. Parfois, un événement très violent dégage une énergie si intense qu’elle va marquer un lieu pendant des siècles ! Des années après, l\’endroit est vide et pourtant nous entendons des coups de canon, des cris de soldats, etc. Par contre, nous ne pouvons avoir aucune interaction avec ces phénomènes», explique-t-il.
Le but du XBI est de venir en aide aux gens qui pensent vivre des expériences paranormales. Les enquêtes sont menées chez des particuliers ou dans des lieux historiques par quelques membres qui travaillent souvent ensemble, un noyau solide. Cependant, certaines investigations sur des endroits très vastes requièrent plus de monde. « Nous avons un protocole strict. Chaque groupe doit faire des photos, des vidéos et des enregistrements. En 2014, lors de notre enquête au château de Chillon, nous étions plus de 10. Il est à noter que nous sommes le seul groupe à l’avoir fait dans toute l’histoire de cet endroit mythique. Cette expérience a fait l’objet d’un article dans l’Illustré. Bien que je ne souhaite pas la notoriété, j’ai pensé qu’il était important de faire cet article pour que les gens sachent que nous existons et qu’ils n’aient pas peur de prendre contact avec nous s’ils sont confrontés à des phénomènes paranormaux.»
Le terme chasseur de fantôme lui déplaît : «C’est très réducteur. Nous ne chassons pas les entités. Nous essayons au contraire de les aider. Je nous définis plutôt comme des chercheurs du paranormal.»
Pour Massimo, la réalité est vraiment différente de ce que nous voyons dans les films : «La société actuelle est très influencée par le cinéma fantastique et croit voir du paranormal partout. Cependant, dans 90 % des cas nous pouvons trouver des explications rationnelles. Lorsque nous nous déplaçons chez les particuliers, nous pouvons souvent leur prouver que les phénomènes qu’ils vivent sont tout à fait explicables de manière concrète.»
Le groupe utilise toutes sortes de matériels spécifiques. Par contre, pour Massimo, le premier instrument de recherche est ce que ressent l’équipe sur place. « Nous ne remettons jamais en doute la parole de qui que ce soit dans l’équipe. Si quelqu’un voit ou ressent quelque chose, pour moi c’est la réalité. Il n’y a pas de tabous, nous pouvons en parler librement. »
Il arrive que les appareils s’éteignent d’un seul coup alors qu’ils sont chargés au maximum et qu’ils se réenclenchent normalement ensuite : « C’est comme si quelque chose aspirait leur énergie. Nous avons souvent des enregistrements avec des voix désincarnées. Nous nous demandons d’où viennent ces sons. »
«À Chillon, il m’est arrivé d’entendre une voix dire “va t’en” lorsque j’installais une caméra. J’ai répondu “je ne veux pas te faire de mal”. Elle avait l’air très énervée, mais je ne savais pas pourquoi. Quelqu’un est entré à ce moment-là et la caméra est tombée. Ensuite, j’ai reçu un coup sur mon casque muni d’une lampe. Celle-ci est tombée. La personne qui était avec moi a eu très peur et voulait partir, mais j’ai réussi à la calmer et l’aider à relativiser», se rappelle-t-il.
Bien que chaque enquête soit riche en émotions, l’histoire de Guendolina, une petite fille qui aurait disparu dans un château en Italie en 1375, touche particulièrement Massimo. « Je suis entré en communication avec elle. Je lui ai demandé pourquoi elle ne partait pas. Elle m’a simplement répondu “parce qu’ici c’est chez moi, j’y ai toujours vécu et je veux y rester”. J’aurais pu l’aider à partir, mais elle n’a pas voulu. Elle semble vraiment heureuse là où elle est.»
Les enquêtes sont gratuites et se déroulent sur le temps libre des membres du groupe. «Nous ne sommes pas rémunérés. Nous investiguons souvent les week-ends, la nuit, après de longs déplacements. C’est fatigant et cela demande beaucoup d’investissement personnel à toute l’équipe. Mais c’est le prix à payer pour avoir des réponses», conclut Massimo Rossini.
https://www.xbi-paranormal-investigations.org/
Témoignage de Celya Mbembe
Mon amie d’enfance avec qui j’allais à l’école avait une maladie incurable. Elle a perdu en peu de temps l’usage de ses jambes et la parole. Elle n’arrivait plus à s’alimenter seule. Elle est entrée à l’hôpital et avait une assistance respiratoire. Je suis toujours restée auprès d’elle. Quelques jours plus tard j’ai appris son décès. J’ai voulu assister à son enterrement. C’était un moment difficile. Les jours suivants, quand j’étais à l’école, je voulais toujours que l’on laisse une chaise de plus pour mon amie. Je sentais sa présence. Certains pensaient que j’étais folle, mais ce n’était pas le cas. Encore aujourd’hui, je sais qu’elle est toujours là auprès de moi.