Begonia revoit pour la seconde fois M. Kratztenbull, qu’elle considère un peu, a juste titre, comme un ours.
Bégonia a fouillé de fond en comble le bureau du professeur Trovator et a obtenu des informations précieuses concernant ce savant. Nous retournons maintenant à la salle de rédaction. A côté de la machine à café, M.Fleury, Mme Carne et Mlle Grünther sont en train de boire. Léonie Carne demande à Bégonia comment s’était comporté M. Kratzenbull.
Elle lui dit qu’il lui refusa son aide, mais que cela ne lui ferait rien, qu’elle mènerait seule son enquête. M. Fleury l’a vivement encouragée, ça compense. M. Fleury remercie Mlle Bégonia de le mettre pareillement en avant. Léonie, en s’adressant à M. Fleury, lui rappelle qu’il en a de la chance d’avoir les faveurs d’une si jolie souris naine, Bégonia. Elle n’est peut-être qu’une souris naine par sa taille, mais ça peut également être un avantage; l’espace est parfois si étroit dans certaines enquêtes policières. La dernière remarque de M.Fleury vexe beaucoup Mme Carne.
Léonie a proposé à Mlle Grünther de s’associer à M. Kratzenbull du fait que Mme Carne est sûre que la jeunesse de Bégonia et l’expérience M.Kratzenbull feront bon ménage.
Bégonia demande toutefois à Mme Carne pourquoi elle l’a envoyée chez cet ours mal léché de M.Kratzenbull. Elle explique à Bégonia que M. Kratzenbull devenait de plus en plus critique dans ses propos non-violents. Le ministère lui ordonna de le renvoyer. Mais, on le comprend, Bégonia se demandait comment M. Kratzenbull en était arrivé là. Il a été victime d’un terrible acte terroriste. Il a cherché à sauver des innocents sans succès. Il a complètement disjoncté sur la fin. C’est la lecture d’un livre qui lui a permis de se sortir du silence. Il prônait une violente non-violence active.
M.Kratzenbull devenait de plus en plus virulent dans ses articles concernant les autorités. J’ai dû le renvoyer, dit Mme Carne.
Bégonia, obstinée, retournera pour une deuxième fois là où ce M. Kratzenbull habite, et ceci malgré l’hostilité du lieu. En fait, Mme Carne ne pouvait faire autrement. Bégonia reverra vite M. Kratzenbull, mais tout autrement cette fois.
Bégonia retombe sur la porte métallique du château d’eau. Celle-ci est restée entr’ouverte. Elle pénètre dans la salle conique. M. Kratzenbull est là, assis confortablement. Il lit un livre posé sur un lutrin en chêne.
Bégonia lui dit qu’elle lui doit des excuses. Elle demande pardon pour sa muflerie et pour les mots violents qu’elle a proférés à son encontre. Il faut dire qu’elle l’a traité de con et de stupide. Il cherche à relativiser la violence de ses mots. Stupide, dit-il, se traduit bien par frappé de stupeur en latin et en un mot, par étonné. Il espère bien être stupide le plus souvent possible, sort- il, tandis que le con est la partie la plus noble et la plus importante de la femme, par lui arrive la vie. Lui, l’a bien traitée d’orpheline, dit-elle.
Après s’être mutuellement confondu en excuses, on apprendra comment M.Krartzenbull et Bégonia se rapprocheront l’un de l’autre malgré les questions qui les séparent.
Dominique Gay