Le blind tennis, un sport qui laisse les voyants sans voix !

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Découvrez une activité à couper le souffle et qui vous laissera sans voix : le blind tennis ! Un sport qui peut être pratiqué par des joueurs non-voyants et malvoyants !

En tant que journaliste non-voyante, je suis extrêmement fière de vous prouver encore une fois que notre handicap ne nous empêche pas de réaliser vraiment tout ce que nous voulons, que ce soit sur un plan professionnel, personnel ou sportif.

Historique
Le blind tennis a été créé en 1984, au Japon, par Miyoshi Takei. Miyoshi était à l’école de Taikama pour déficients visuels et voulait depuis toujours jouer au tennis. Avec ses professeurs, ils ont inventé une balle sonore. Ainsi, il a pu pratiquer son sport favori malgré son handicap visuel. Le blind tennis était né !

Guillaume Hervier, sportif non-voyant, l’a importé en 2014 en France.
Depuis le 1er janvier 2017, le blind tennis est officiellement reconnu comme sport national dans l’Hexagone. A l’origine de cette reconnaissance, qui est une première mondiale, nous trouvons Joël Carton, président de l’association française de blind tennis.

Ce sport fait partie intégrante de la Fédération Française de Tennis (FFT) au même titre que le tennis fauteuil et le tennis adapté. Depuis 2017, il n’y a d’ailleurs plus que des joueurs de tennis, sans aucune distinction entre valides et non valides.

Le blind tennis se joue actuellement dans 33 pays et nous espérons qu’il se développe également en Suisse.

Les règles du jeu

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Le blind tennis se joue sur un terrain de 18 mètres de long et de 10,97 mètres de large. La hauteur du filet est de 0,91 mètre.

Le matériel est identique au tennis traditionnel, à l’exception des balles qui sont en mousse. Celles-ci font 9 cm de diamètre et contiennent un grelot au tintement clair.

Pour les joueurs de catégorie B1 (aveugles), le nombre de rebonds est de 3 maximum et le terrain est légèrement plus petit.

Pour les joueurs de catégories B2 et B3 (personnes avec déficience visuelle et malvoyantes), le nombre de rebonds et de 2 maximum.

Le serveur et le récepteur peuvent demander à un arbitre ou à une tierce personne leur place sur le terrain.

Une personne voyante doit être sur place pour indiquer les balles fautes.

Avant de lancer le service, le serveur doit signaler : « Prêt ? » et attendre que le récepteur réponde « Oui ». Le serveur dispose alors de 5 secondes pour servir pendant lesquelles il ne peut pas modifier sa position sur le terrain.

Le serveur doit crier « OK » immédiatement avant de frapper la balle.

Un match se joue en 2 sets gagnants.

Quelques adaptations sont nécessaires en fonction du handicap.
Pour les aveugles complets, il faut ajouter du relief sur toutes les lignes du court à l’aide de bandes adhésives et installer des bandes en relief tout autour. Les compétiteurs devront se servir de leurs pieds et ensuite de leurs doigts pour bien s’imprégner de ces lignes.
Pour les malvoyants, la couleur du court doit être extrêmement visible et ne pas changer. Cela aide les joueurs à connaître par cœur leur terrain.

Rencontre avec Joël Carton, président de l’association française de blind tennis

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Joël Carton, président de l’association française de blind tennis

Joël Carton est éducateur fédéral de tennis. Depuis 2017, il se bat pour développer le blind tennis en France. Actuellement, une quinzaine de clubs proposent du blind tennis dans ce pays, ce qui représente une cinquantaine de joueurs.

« Il y a quelques années, lors d’un tournoi officiel à Montpellier, j’ai fait jouer Ophélie, une joueuse de blind tennis face à un joueur professionnel. C’était une première mondiale ! Lorsqu’elle arrive sur le terrain, on lui demande ce qu’elle fait là. Elle dit qu’elle vient jouer au tennis. Elle est venue sans canne, n’a pas de lunettes et se déplace juste à l’oreille. Et là, on lui demande : « Qu’est-ce que vous avez comme particularité ? » Elle dit qu’elle est aveugle ! Tout le monde rigole. Et là elle sort sa canne télescopique de son sac. Le silence dans la salle ! On explique au public que l’on va jouer avec des balles sonores. Le jeu commence et c’est super. À un moment donné, je n’ai plus de balle dans mon panier. Ophélie le prend et ramasse les balles une par une. Les gens sont interloqués ! Comment fait-elle ? C’est extraordinaire ! Elle leur dit que c’est facile, qu’elle a fait une capture sonore et qu’elle est capable de sentir une balle bouger ! »

Parlez-nous de la nouvelle balle de blind tennis
« La balle actuelle coûte cher : 8-9 € pièce contre moins d’un euro pour une balle classique. Alors qu’il ne s’agit que d’une simple balle en mousse, avec une petite balle de ping-pong à l’intérieur et des hochets. De plus elle ne rebondit pas et est sensible au vent. Elle ne permet donc pas de jouer à l’extérieur. Pour pallier ces défauts, j’ai inventé un système sonore qui se met dans de nouvelles balles, identiques aux balles classiques. Celles-ci permettent de jouer partout, sur n’importe quelle surface. Elles reviennent à 5 € pièce ! 

Avec cette invention, je souhaite développer le blind tennis à travers le monde. Je recherche activement des investisseurs pour la fabrication et la commercialisation de cette balle. »

D’où vous vient cet intérêt pour les personnes avec des déficiences visuelles ?
« Je n’ai aucun intérêt pour les déficients visuels ! Pour moi, ce ne sont que des joueurs de tennis avec une différence. Ils veulent pratiquer une passion qui est la mienne et j’adore la transmettre. Que vous fassiez un revers d’une ou de deux mains, que vous voyiez bien ou pas la balle, le but est que vous voulez jouer ! C’est tout ! Je fais très peu de différence quand j’envoie les balles à des personnes déficientes visuelles. Par exemple, je leur dis simplement au départ que je vais jouer sur leur coup droit ou sur leur revers. C’est tout. Ces personnes ne veulent pas d’assistanat. Elles veulent simplement être des joueurs lambda. Mon rôle, en tant que professeur de tennis, est de favoriser leur réussite. Qu’elles arrivent à mettre la balle de l’autre côté du court et qu’elles s’amusent. Tout le monde ne sera pas un nouveau Roger, un nouveau Rafa ou un nouveau Djoko ! Et on s’en fiche ! Sinon il n’y aurait que 20 personnes qui joueraient au tennis dans le monde ! Mon souhait est d’intégrer les joueurs de blind tennis parmi les joueurs valides, lors des entraînements, afin d’apporter un autre regard sur le tennis. »

Une fierté
« Lors d’une manifestation, j’ai réussi à faire jouer au blind tennis notre champion paralympique de tennis en fauteuil, Nicolas Pfeifer. Il s’est mis un masque. Vous imaginez cela ! Il s’est rajouté un handicap. Je trouve cela génial ! Une autre fois, nous sommes allés au Tennis Club de Paris, un des plus réputés et chers de France. Nous nous retrouvons entourés de personnes faisant partie de la haute sphère parisienne. Et là, les joueurs voient arriver des gens avec leur canne. Ils nous demandent ce que nous venons faire là. Nous leur disons que nous allons jouer au tennis. Ils rigolent. Les malvoyants se placent sur le terrain et les membres du club les regardent jouer. Puis, ils demandent s’ils peuvent jouer avec eux. Je ne sais pas si vous vous en rendez compte. C’est fantastique ! Ce n’est pas un petit club où tout le monde se mêle. Nous nous trouvons sur les terrains de tennis fréquentés par la haute bourgeoisie. Et les joueurs du club demandent à mettre un masque pour jouer avec les personnes malvoyantes. C’est incroyable ! Et c’est tout gagné ! »

Le mot de la fin
« Je me tiens à votre disposition pour vous faire une démonstration en Suisse. Effectivement, je cherche des ambassadeurs partout en Europe. En France, il y a 1,5 million d’aveugles et de déficients visuels. Cela représente un potentiel d’environ 100 000 joueurs. Tout ce que je souhaite, c’est que ce sport puisse se développer au maximum ! C’est tellement beau de voir les gens courir, s’amuser et rigoler. Nous n’avons qu’une vie ! »



Vidéo

Vis mon sport – le Blind Tennis

 

Crédits photo : Joël Carton