La contraception en 2024, où en est-on ?

Par Mayra

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Pourquoi ce sujet m’intéresse ?

Cette idée d’écrire sur la contraception m’est venue en lisant un article paru dans le journal « 20 minutes » le 30-1-2024 « Des Romands testent l’anneau testiculaire pour la science » sur une méthode contraceptive masculine. Dans cet article, on utilise comme sous-titre une phrase grossière qui m’a interpelée : « l’anneau qui chauffe les couilles ». Il montre le dispositif et comment l’utiliser.

J’ai également vu un reportage expliquant que la prise de la pilule diminue chez les femmes depuis 2010. Les causes de cette baisse seraient dues à deux facteurs : la contrainte de l’utilisation et la peur des effets secondaires.

Je me suis alors souvenue de mes préoccupations de jeunesse concernant la contraception. J’ai maintenant 50 ans et j’ai voulu savoir où on en était en 2024. Pour cela, je me suis renseignée sur l’histoire de la contraception et sur les différentes méthodes actuelles. J’ai interrogé sur ce sujet trois jeunes étudiantes travaillant dans le domaine du social.

Histoire et évolution de la contraception

Margaret Sanger, militante féministe américaine, est la première, dès 1920, à proposer des idées sur le contrôle des naissances. Elle ouvre alors des cliniques de contraception que l’on peut imaginer comme étant les précurseurs du Planning familial actuel. Mme Sanger y dispensait des moyens contraceptifs et aidait les femmes à gérer leur maternité. Elle est aussi la première à penser à utiliser des hormones féminines : les œstrogènes et la progestérone, naturellement produits par la femme pendant la grossesse, pour leurs capacités contraceptives. Elle est donc à l’origine de la pilule.

Même si les êtres humains ont apparemment depuis l’Antiquité une bonne compréhension des mécanismes de la reproduction, ils ont vite compris que la rencontre des semences était un des éléments reproducteurs essentiels. 

Avant cette époque, il n’existait que peu de moyens contraceptifs. Cependant, les humains avaient une imagination débordante. Par exemple, ils utilisaient des condoms d’origine animale en boyau et divers spermicides, comme des excréments d’alligators ou d’éléphants, suivant leur pays d’origine, jusqu’à l’apparition du caoutchouc en 1811.

A la fin des années 60, les femmes se battent pour disposer librement de leur corps. Elles ne veulent plus être la matrice de leur mari et de leur pays. Elles désirent être libres de choisir leur vie et leur maternité.

La pilule est accessible pour les femmes depuis 1967 en France. Notons aussi que l’IVG (interruption volontaire de grossesses) est autorisée dès 1975, grâce à Simone Weil. En Suisse, la loi passe en 2002. L’IVG est hélas en danger. Des personnes du monde entier veulent l’interdire même lors de viols ou d’autres cas extrêmes.

Le mot contraception vient de l’anglais, contra (contre) et ceptive (création).

Les différentes méthodes de contraception

Les contraceptifs sont créés selon certains critères : leur sécurité, l’impact sur la santé, leur temporalité, leur coût financier et enfin la facilité de leur utilisation. Tout cela est synthétisé et calculé selon un outil statistique, l’indice de Pearl (IP), il est utilisé dans les essais cliniques pour mesurer l’efficacité des méthodes de contraception. Il est calculé d’après le nombre de grossesses sur un an, parmi 100 couples.

Méthodes contraceptives féminines

  • Méthodes naturelles :

Suivre le cycle grâce à une surveillance de la température et de la position du col de l’utérus. Elle permet d’évaluer le moment de l’ovulation, le coïtus interruptus ou le retrait : « Au point culminant du rapport ou l’homme est sur le point d’émettre la semence, la femme doit bloquer sa respiration et se retirer légèrement (…) elle doit se lever aussi tôt, s’accroupir, provoquer l’éternuement et boire de l’eau… », comme écrit dans un texte du 2ème siècle de Soranos.

Attention, ces méthodes ne sont pas sans risques de grossesses.

  • Méthodes mécaniques :

Le préservatif féminin : une membrane en latex ou silicone se glissant dans le vagin avec un spermicide pour empêcher les spermatozoïdes de traverser le col de l’utérus.

La cape cervicale : une coupelle en latex rempli de spermicides à placer sur le col de l’utérus.

Le stérilet : un dispositif contraceptif en cuivre, en forme de Y placé dans la cavité de l’utérus par un médecin gynécologue. Il empêche le mélange des semences.

  • Méthodes hormonales :

La pilule : un comprimé d’hormones mélangées à prendre tous les jours à la même heure.
L’implant : petit bâtonnet en plastique flexible de la taille d’une allumette qui est inséré sous la peau permettant de supprimer l’ovulation.
L’anneau vaginal : un anneau transparent souple, d’un diamètre de 5,4 cm environ. C’est la femme qui le pose et le retire de son vagin.

  • Méthodes abortives :

La tige de chou : ancêtre de l’aiguille à tricoter, qui servait à pratiquer des avortements illégaux.
La pilule du lendemain : pilule à prendre dans les trois jours après le rapport non protégé.

Il existait aussi toutes sortes de potions de grand-mère (à base de poison tel que strychnine, ciguë, etc.) que les femmes inséreraient dans leur vagin sous forme de pressoir (sorte de tampon) comme pilule abortive du lendemain.

Méthodes contraceptives masculines

Le préservatif apparaît au XVIIIe siècle avec l’apparition de terribles infections sexuellement transmissibles (IST) comme la syphilis et la vérole. Cette méthode est privilégiée depuis l’apparition du SIDA en 1983, maladie qui cause tout de même la mort de 1 à 2 millions de personnes dans le monde chaque année.

Il y a actuellement une recrudescence de cas de syphilis et autres IST, car les gouvernements ont baissé leur garde et l’utilisation du préservatif, qui était distribué gratuitement lorsque j’avais 20 ans, a fortement diminué.

Ajoutons tout de même qu’en 1976 l’idée d’une pilule pour homme arrive en France. Mais son développement s’arrête rapidement, car les hommes rechignent à devoir subir cette charge.

La contraception en 2024, où en est-on ?
Témoignages de trois étudiantes, Emma, Eleonore et Lucy

L’efficacité, les effets secondaires et les contraintes dans leur utilisation de la pilule contraceptive.

Quels moyens contraceptifs emploient-elles ?

Elles se positionnent sur l’interruption volontaire de grossesse.

Elles considèrent que le prix des moyens de la contraception est élevé en Suisse.

Eleonore estime que la responsabilité des moyens de contraception doit être partagée et discutée dans le couple.

Elles nous expliquent comment elles se sont informées.

Et finalement, quel est le meilleur moyen de contraception ?

Et pour vous messieurs, le slip chauffant !

Lors de mon interview des trois jeunes femmes dont je vous ai parlé au début de l’article, j’ai remarqué que leurs connaissances sur ce sujet étaient très inégales. Deux d’entre elles prenaient la pilule, mais l’ont arrêtée, car elles l’ont trouvée trop contraignante. De plus elles disaient avoir eu des poussées d’acnés et une prise de poids. Néanmoins, elles ne semblaient pas être au courant des risques d’attaques cérébrales.

En revanche, j’ai été très étonnée de pouvoir parler de ce sujet de manière très ouverte et relaxe.

L’avenir ?

Une initiative du parti socialiste genevois proposait en 2023 la gratuité des moyens de contraception. J’espère que dans un futur proche la contraception soit accessible pour « toutes les bourses ». Soutenir un prix bas dans les contraceptifs serait bien plus avantageux que de traiter des personnes qui peuvent connaître le traumatisme d’une IVG, ou attraper des maladies sexuellement transmissibles.