J’ai découvert Arica un peu par hasard : je me trouvais en Bolivie en 1999 (mon père est Bolivien), j’avais 23 ans et la fin de mon droit de séjour de trois mois approchait. En discutant avec des amis, nous avons décidé de faire un petit tour au Chili, histoire de nous changer les idées, et pour moi de régler mon souci de droit de séjour.
Nous avons commencé l’aventure en embarquant dans un grand car à Cochabamba, une ville de 630’000 habitants, située à plus de 2’500 m d’altitude au centre de la Bolivie avec un climat nommé « printemps éternel ». En effet, il n’y pas de saison comme nous les connaissons en Suisse ; les températures sont modérées tout au long de l’année.
A notre grand étonnement, notre route continuait de monter, alors que nous pensions nous rapprocher de la mer… Le point, où nous avons traversé la frontière Bolivie-Chili se trouve à plus de 4’000 m : l’oxygène nous manque, les maux de tête nous guettent ! Heureusement, la route commence tout de même à descendre lentement après avoir traversé la frontière.
Le paysage est très aride, il n’y a point de végétation à part quelques cactus par-ci, par-là… Et donc pas d’animaux non plus. En redescendant des hauteurs, nous pouvons apercevoir l’océan lointain : tout simplement magnifique et apparemment infini !
En arrivant à Arica nous trouvons un petit appartement où loger, près du centre et du bord de la mer, avec beaucoup d’oiseaux — surtout des pélicans — comme voisins et la « musique » qui va avec.
Nous retrouvons un peu de civilisation et quelques supermarchés qui étaient encore rares en Bolivie, où presque tout s’achète dans d’immenses marchés à ciel ouvert. En y repensant, cela semble étrange, mais j’étais presque soulagée de retrouver un petit magasin accessible, qui pouvait m’éviter de chercher un petit truc banal pendant des heures dans un marché.
Une fois installés, l’océan nous appelle, mais l’eau est frisquette… Rares sont les gens assez courageux pour tremper les pieds… Ou plus ! Ayant fait tout ce voyage, mes amis et moi faisons partie des quelques fous qui osent mettre les pieds dans l’eau. De nombreux pélicans partagent notre plaisir en nous cassant les oreilles avec leur « chant ».
Nous allons découvrir la cuisine locale qui nous propose du « Ceviché » : du poisson cru trempé dans du jus de citron (très) salé. Merci beaucoup, j’y goûte, mais ce ne sera pas pour moi. Il y a assez d’autres plats délicieux à déguster ! Je pense notamment à des empanadas ou à des salteñas : j’en ai l’eau à la bouche ! Ce sont de petits chaussons en pâte feuilletée, ou en pâte à pain, farcis de viande, d’œufs, de pommes de terre ou d’autres ingrédients selon les coutumes de chaque région et plus ou moins épicés. Attention à l’« Aji » : c’est un piment très fort et très populaire en Bolivie, servi comme sauce d’accompagnement, et qui vous met le feu à la bouche ! Souvent, les touristes ignorent la puissance de cette sauce et offrent des scènes, disons… amusantes…
En nous promenant, nous rencontrons d’autres jeunes de la région qui nous donnent des invitations pour des concerts de rock/métal/ska à Arica même — chose pratiquement inimaginable en Bolivie à l’époque : je saute de joie ! Enfin ! Cela me manquait beaucoup : en Suisse, les concerts étaient au programme tous les week-ends pour moi. Donc, je me réjouis de découvrir les groupes de la région sur scène et de rencontrer des gens avec des goûts musicaux semblables. Et en effet : j’ai été accueillie à bras ouverts ! Ce n’est pas tous les jours que l’on croise une petite Suissesse perdue à Arica… Donc rapidement je me fais de nouveaux amis, la plupart avec une longue chevelure, bien plus longue que la mienne. Et avec eux, j’ai la chance d’approfondir mes connaissances du dialecte chilien ; j’ai pataugé au début, je dois bien l’avouer, mais j’ai très vite appris. A tel point que je craignais que mon père me reproche la différence de mon espagnol à mon retour en Suisse ; et je n’avais pas tout à fait tort, même s’il en a plutôt rigolé — enfin je l’espère.