Sébastien Beffa, formateur à la Fondation Foyer-Handicap, a une passion : le slam. En cette période de confinement, il fait des vidéos pour la page Facebook de la Fondation, où il déclame ses textes. Interview.
Comment, quand et pourquoi as-tu commencé ?
J’ai commencé un peu par hasard. Je suis allé à une soirée au « Codebar », un bar de la villa Baulacre, organisée par Carrefour des Arts, le 5 mai 2017. La slameuse « Malou » passait ce soir-là. En me renseignant, j’ai appris qu’une soirée avec un atelier d’écriture était organisée à « la Sportive » rue de Carouge, le 11 mai 2017. La maîtresse de cérémonie était « Charlie les bons mots ». Je me suis rendu compte que ce n’était pas si difficile et que le slam me permettait de m’extérioriser. Il m’était bénéfique au niveau du moral et de la confiance. Des personnes présentes m’ont aussi encouragé en me disant que j’avais du talent.
D’où te vient l’inspiration ?
L’inspiration me vient assez facilement. Dès que j’ai un thème, j’arrive à jouer avec les sonorités. Quand j’ai moins le moral, c’est plus difficile. Dans ce cas, je n’écris pas.
Quels sont tes sujets préférés ?
J’aime bien parler d’amour, d’écologie, d’humour et du quotidien. Le slam m’a aussi aidé, lorsque j’étais en dépression, à trouver les mots pour avoir de l’espoir et de ne pas ressasser les idées noires.
Peux-tu nous rappeler les règles de base du slam.
Les règles sont les suivantes :
- Inscriptions ouvertes à toutes et tous
- Pas de musique
- Pas de décorations sonores, lumineuses ou vestimentaires
- Pas d’accessoires ni de déguisement
- Temps de parole de trois minutes maximums.
- Texte issu de sa propre création
Peut-on parler de tout ou y a-t-il des sujets tabous ?
On peut parler de tout.
T’es-tu déjà produit sur une scène ?
Je lis mes textes régulièrement au « Chat Noir » où des soirées sont organisées tous les mois (hors vacances de noël et vacances d’été). J’ai aussi participé à Lausanne, l’année dernière, au « Lauslam festival ». Là j’ai fait équipe avec deux autres slameurs romands, « l’Aigle Noir » et « Flamme Mélancolique ». Ce dernier est handicapé et se déplace en fauteuil roulant électrique. Je me suis aussi produit lors la soirée de fin d’année de la Fondation. C’était pour le concert spécial 50ème anniversaire de sa création.
Que t’apporte cette activité artistique ?
Cela me permet et m’oblige de sortir de ma timidité, d’exprimer mes sentiments et mes opinions. Je me fais de nouveaux amis et je suis mieux dans ma peau.
Que conseillerais-tu à une personne qui aimerait commencer ?
Si le slam l’intéresse, elle peut venir à un atelier d’écriture, se rendre compte si cette forme d’expression poétique lui convient et si elle a des choses à exprimer par ce moyen.
Y a-t-il quelqu’un que tu admires et que tu suis dans le slam ?
Quand j’étais adolescent, j’écoutais beaucoup de rap français, surtout IAM et Mc Solaar. J’aime aussi beaucoup Grand Corps Malade, qui m’a beaucoup impressionné par sa maitrise de la langue. En Suisse, j’apprécie beaucoup Narcisse, qui a une belle plume et qui dénonce à mon avis des choses essentielles et véridiques, ou les slameurs genevois que je peux croiser au « Chat Noir », en particulier « Héro Tanguant », « Charlie les bons mots » et « Malou ».
J’essaie vraiment de faire ça par passion pour m’évader des soucis ou les transformer. J’essaie de m’améliorer en participant encore à des ateliers d’écriture. Et si les gens apprécient mes textes, cela me fait plaisir.
Quelques slams
L’eau est polluée
L’eau est polluée, la marée rejette tant de plastique,
Que je regrette de faire partie de cette clique
Qui boit tant de soda. Sac, bouteille en plastique
C’est si pratique, économique, presque magique
C’est navrant que l’on en consomme tant
L’eau est polluée, la rivière rejette tant de métaux lourds,
Que je trouve lourd.
Il faut qu’on se bouge
Que l’on trouve une solution
Sinon, nos filles comme nos garçons
Grandirons avec des malformations.
C’est nécessaire à notre industrie
Laquelle je maudis
L’eau est polluée, la station d’épuration rejette tant d’hormones
Que les poissons changent de sexe.
Mais faut bien contrôler sa fertilité
Sur cette terre déjà surpeuplée
Espérons que tous nous prenions conscience
De notre inconscience.
À trop consommer et entrons dans la danse
D’une nécessaire décroissance.
Sébastien Beffa – Xenos – 28 mars 2020
Mirage des espoirs passés
Aujourd’hui, je suis encore étonné.
Étonné, d’avoir entonné, déclamé le mal de mon âme.
Âme déchirée, déchirée d’avoir tant désiré.
Désirer en secret. Secret bien gardé.
Désir merveilleux, mielleux.
Âme lentement décoiffée. Mon âme déchirée décoiffée.
Lente descente en enfer. Enfermé dans mes pensées.
Enfer d’un trop pesant désir secret.
Larme qui déchire mon âme de ne t’avoir déclaré ma flamme.
Lente attente latente. Regrets de ne t’avoir embrassé.
Embarrassé d’avoir hésité. Lourd désir secret.
De mon nuage je suis tombé.
De trop de malentendus. Je me suis cru désirable.
Affable, aimable, charitable, mais pas embrassable.
Dans cette embarrassante situation, tant d’hésitation.
Mauvaise saison mauvaise situation. Que de larmes étouffées.
En mon âme réside la flamme d’un désir étouffé.
Trop de secrets rien de concret.
Tant de regret d’avoir trop hésité à t’embrasser.
Chagrin secret, étouffé.
Merveilleux accord de nos corps étonnés que nos âmes ayant été décoiffées d’un si petit désir.
D’une flamme secrète, loin d’être concrète.
Désir secret d’un merveilleux nuage, mirage des espoirs passés.
Étonné d’avoir tant tardé à réaliser que je t’aimais.
Sébastien Beffa – Xenos – 7 mai 2019
Page Facebook de Sébastien
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Pour aller plus loin
Lauslam Festival
https://www.slameur.ch/lauslam-festival/
Le slam à Genève
https://www.facebook.com/unpeudeslamGE
Slam à la clé
http://slamalacle.ch/
Article Synergies sur le slameur Narcisse
https://www.synergies-news.ch/culture-loisirs/item/le-slam-mis-en-scene