«Soyons nous-mêmes !» La transidentité, un sujet encore tabou ?

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Drapeau de la fierté transgenre

La transidentité, c’est quoi ?

On utilise le terme de transidentité ou transgenre, anciennement transsexualité, pour désigner une personne qui est en désaccord avec son sexe de naissance et son genre ressenti.

« Nous n’acceptons pas le sexe qui nous est donné à la naissance. C’est comme si nous naissions dans le mauvais corps, dans une prison », explique Liam, 42 ans, qui est né femme et a effectué une transition pour devenir un homme.

Cela fait de nombreuses années qu’il sentait que quelque chose clochait : « Depuis l’âge de 6 ans, je me sens garçon. Je n’osais pas en parler. Je pensais que c’était une crise qui passerait avec le temps ».

Mais cette pensée l’obsède. Ce n’est qu’à l’âge de 37 ans, en ayant vu des émissions télévisées sur ce sujet que le déclic a lieu : « J’ai pu enfin mettre un mot sur mon mal-être. Je me suis reconnu à travers ces témoignages. Je me suis dit : ça, c’est moi ! »

Liam commence alors les démarches pour effectuer sa transition. Celle-ci est cependant semée d’embûches : « J’ai eu de nombreux entretiens avec un psychiatre pendant deux ans. C’est lui qui autorise la prise d’hormones masculines ou féminines : testostérone pour devenir un homme ou œstrogènes pour devenir une femme. Ces hormones sont prescrites par un médecin spécialiste, l’endocrinologue ».

Le médecin procède alors à des injections de testostérone pour masculiniser son corps, changer sa voix, etc.

Par la suite, si la personne le désire, des opérations chirurgicales peuvent être faites. « J’ai dû subir trois opérations assez lourdes pour devenir la personne que je souhaitais », raconte Liam.

Le processus implique également de nombreuses procédures administratives, souvent coûteuses. Pour changer de prénom, il faut s’adresser à l’administration de son canton. Il faut en principe attendre quelques mois avant que la décision ne tombe.

Cependant, la démarche pour le changement de sexe officiel (changer la lettre « F » en « M » sur la pièce d’identité) prend plus de temps. En effet, il faut déposer une requête auprès du tribunal civil de première instance. La procédure dure en principe quelques mois. Les frais se situent entre 200 CHF et 1000 CHF.

Dans les documentaires que nous avons vu, chaque transgenre explique qu’il est compliqué de faire son « coming out », c’est-à-dire de révéler au public son homosexualité ou sa transidentité. Cela n’a pas été différent pour Liam : « Au départ, c’était difficile avec ma famille. J’ai eu des conflits avec mes parents. J’étais agressif. Ils ne comprenaient pas pourquoi j’étais comme ça. Heureusement, nous en avons beaucoup parlé. Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux. On m’a accepté comme je suis ».

Les amis sont aussi importants : « Ils ont tout de suite accepté mon choix. J’ai eu la chance de pouvoir échanger avec une connaissance qui a suivi le même processus. Elle était un homme et est devenue femme. Elle m’a aiguillé sur les opérations, sur les médecins, etc. Je fais également partie d’un groupe de discussion transgenre. Je m’y suis fait des ami-e-s », s’enthousiasme Liam.

Devenir enfin la personne que l’on est vraiment est un soulagement : « C’est vraiment une grande libération, car cette douleur était présente depuis trop longtemps ».

Finalement, soyons nous-mêmes : « La transition ne doit plus être un tabou. Il ne faut pas avoir peur de nous. Nous sommes des êtres humains comme tout le monde et avons besoin d’être respectés », conclut Liam.

Nos avis
Lucie, étudiante en formation : « Je connaissais déjà un peu la transidentité, mais je n’avais jamais approfondi cette thématique. En réalisant cet article avec Celya, j’ai appris plus de choses sur ce sujet. Je pense qu’il est important d’en parler. Cela ne devrait plus être tabou. Tout le monde a le droit au bonheur. Si ces personnes sont heureuses en tant que transgenres, en quoi cela devrait-il déranger la société ? Je préfère voir une personne heureuse et en étant elle-même qu’une personne triste et malheureuse qui se cache pour ne pas “choquer” la société. J’encourage donc ces personnes à continuer de mener leur combat pour que leur vie soit plus légère. »

Celya, rédactrice à Synergies : « Cette thématique m’a beaucoup intéressée. Je pense que les transgenres, malgré leur différence, ont le droit comme tout être humain de se faire respecter. C’est injuste que ces personnes soient harcelées au quotidien. Elles ne doivent plus se cacher. »

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Le saviez-vous ?

Un peu d’histoire
La notion de transidentité existe depuis l’Antiquité. En effet, déjà dans la mythologie de la Grèce Antique, la déesse Cybèle était vénérée par des hommes qui se faisaient stériliser et prenaient une apparence de femme.

En Assyrie (la Syrie actuelle), il existait des prostitués homosexuels et transgenres.

En Inde, on trouvait les « Hijras », des hommes qui se considéraient comme des femmes.

En Perse, les poètes Saadi, Hafiz et Djami ont écrit des textes dans lesquels apparaissaient des personnes ayant des relations sexuelles avec des transgenres.

En Amérique du Nord, certaines tribus autochtones prenaient le rôle de « berdache » qui désignait péjorativement un homme qui jouait « une femme » ou inversement.

Par la suite le sujet est resté relativement tabou.

En 1952, aux USA, Christine Jorgensen est devenue célèbre pour avoir été la première personne à avoir fait une opération chirurgicale de réassignation sexuelle.

C’est seulement en 2019 que la transidentité n’est plus considérée comme un trouble mental par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé).

Quelques célébrités transgenres

Caitlyn Jenner
Caitlyn Jenner, anciennement Bruce Jenner, beau-père de Kim Kardashian.

Elliot Page 2015
Eliott Page, anciennement Ellen Page, acteur transgenre qui a joué dans « Juno » et récemment dans « Umbrella Academy ».

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Aaron Philip, 19 ans, un mannequin antiguayo américain transgenre et tétraplégique. Elle a écrit une autobiographie, This Kid Can Fly.

Pour en savoir plus

Reportage RTS : Dans la tête d\’un trans

Fondation Agnodice (Conseil, soutien et orientation des enfants et adolescents transgenres et leurs proches).