En septembre 2009, la rédaction de Synergies a participé à une séance de zoothérapie et a interviewé Isabelle Schopfer, zoothérapeute.
Comment devient-on zoothérapeute ?
Cela nécessite des connaissances médicales et paramédicales et bien connaître les animaux, leurs maladies et leurs comportements. De plus, il est souhaitable de bien aimer les gens et les animaux. Plusieurs intervenants en zoothérapie formés à l’ASZ (association suisse de zoothérapie) pratiquent actuellement à Genève.
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
Ayant depuis longtemps des animaux à la maison, j’ai pu constater les bienfaits et le réconfort qu’ils apportent à mes enfants. J’ai une fille handicapée qui, sans ses animaux, n’aurait pas pu supporter aussi bien tous ses traitements et sa différence. Constater tous ces bienfaits m’a amenée à pratiquer ces techniques avec d’autres personnes malades, handicapées, ou ayant simplement besoin de compagnie afin de garder un bon moral et une plus grande joie de vivre.
La zoothérapie vous permet-elle de vivre ?
Oui, aujourd’hui il est possible de vivre de cette activité.
Cette thérapie est-elle répandue en Suisse ou ailleurs ?
Non, elle n’est malheureusement pas très répandue en Suisse pour l’instant. Elle existe pourtant depuis longtemps en Asie et en Israël. Cette méthode vient du Canada où elle a commencé avec des chevaux, des chiens et des dauphins.
Combien de temps dure une séance ?
Environ une heure en groupe.
Quelle est la fréquence des séances ?
La thérapie se fait en fonction de la demande des gens, en principe chaque quinze jours ou une fois par mois. Cela peut varier en fonction du travail à faire et selon la disponibilité des gens. L’échange avec l’animal peut être assez intense et fatigant.
Avec quel type de patient travaillez-vous ?
La zoothérapie est destinée à tous.
Où pratiquez-vous ?
Je pratique beaucoup en résidence pour personnes âgées, un peu à la Fondation Foyer — Handicap et à mon domicile. Je ne fais pas plus de deux séances par jour. Chaque animal travaille au maximum une demi-heure quotidiennement.
Cette thérapie est-elle admise par les médecins ?
Cette profession en est encore à ses balbutiements. Nous avons de la difficulté à être reconnus par le milieu médical pour des questions d’hygiène. Cependant, nous avons plus de facilité avec la psychiatrie.
Êtes-vous satisfaite des résultats ?
Globalement, les gens sont contents et se réjouissent de notre venue. Ils sont plus calmes, même entre les séances. Grâce à l’animal, certains patients font des mouvements qu’ils ne feraient pas sans lui.
Pouvez-vous soigner la phobie d’un animal ?
Oui, la phobie vient généralement d’une méconnaissance de l’animal. Souvent, pour rassurer le patient, nous commençons la thérapie avec une peluche de l’animal.
Vos prestations sont-elles prises en charge par l’assurance ?
Les prises en charge dépendent des assurances complémentaires de chaque personne.
Quels animaux utilisez-vous ?
Le chien est l’animal le plus utilisé en zoothérapie grâce à sa capacité d’adaptation. En outre, comme beaucoup de personnes ont eu un chien comme animal de compagnie, il fait appel à leurs souvenirs. Nous utilisons également des chats, des lapins, des cochons d’Inde, des rats, des tourterelles et des chinchillas.
Comment choisissez-vous vos animaux en fonction des patients ?
J’aime bien rencontrer la personne avant la séance afin d’évaluer ses possibilités. Je vais regarder l’affinité avec le patient et si l’animal a envie de travailler. J’évalue également la mobilité de la personne. Je n’impose pas un animal à quelqu’un qui ne le veut pas. Il faut changer d’animal lorsque celui-ci est fatigué. En effet, il prend l’émotion de la personne comme une éponge.
Quels sont les animaux les plus sollicités ?
Les plus appréciés sont les lapins, car ils sont doux et calmes.
Le matin, nous allons voir les animaux dans l’animalerie et nous les testons pour voir lesquels veulent travailler : nous les caressons, nous les brossons et leur faisons leurs griffes. Si les animaux se laissent faire, c’est OK. Nous ne le forçons jamais à travailler.
Comment formez-vous les animaux ?
Nous les avons sociabilisés au préalable. Tous nos animaux sont manipulés dès la naissance. Une évaluation régulière de nos animaux nous permet d’ajuster leur goût, voire de les supprimer de la zoothérapie lorsqu’ils démontrent des signes de fatigue ou de lassitude en intervention. Les animaux sont habitués depuis tout petit à être manipulés, caressés et travailler sur un linge. Une heure de thérapie représente trois heures de préparation ! Même si je n’ai pas d’intervention, je dois constamment m’occuper des animaux. Le service vétérinaire cantonal les contrôle régulièrement.
Où vivent les animaux ?
Ils vivent chez les thérapeutes. En Suisse, d’après la loi, nous ne pouvons pas travailler avec des animaux qui ne nous appartiennent pas.
Pendant combien de temps utilisez-vous un même animal ?
Tant qu’il a du plaisir à travailler, je l’intègre dans la thérapie. Je ne prends pas un animal malade ou une femelle portante. Par exemple, un lapin peut travailler pendant environ cinq ans, ce qui correspond à sa durée de vie.
Infos
http://www.leszanimaux.ch
Témoignage
Cédric Gentina : « C’était fantastique ! Lors de la séance de zoothérapie, les participants se sont très vite détendus. Il faudrait que les gens stressés pratiquent cette thérapie. »