Dans le cadre des 50 ans de la Fondation Foyer-Handicap, Manon Masse, Professeure à la Haute école de travail social de Genève (HETS), donne une conférence sur le thème de l’autodétermination dans l’accompagnement des personnes.
L’autodétermination
Pour la professeure, l’autodétermination dépend de la personne et des conditions présentes dans son environnement. De plus, l’autodétermination n’est pas liée uniquement aux personnes en situation de handicap. Il s’agit d’un principe qui s’applique à tous les êtres humains.
Elle a trois dimensions :
- décider de ce qui nous concerne
- mettre en application nos décisions
- assumer les conséquences de nos décisions
Il ne s’agit pas uniquement de décider (autonomie), mais aussi de mettre en application nos décisions. Cela suppose également qu’il y ait des choix à disposition.
Qu’apporte l’autodétermination aux personnes en situation de handicap physique dans les institutions ?
Elle suppose une posture dans l’accompagnement, l’écoute de l’autre et l’ajustement à ce que la personne souhaite.
Par exemple, si une personne désire se rendre au Brésil pour ses vacances, je dois l’accompagner dans cette idée. Si je découvre qu’actuellement, elle n’a pas le budget, qu’elle a des soucis de santé ou que c’est un voyage trop lourd, nous analysons alors ensemble la faisabilité de ce projet. Nous pourrions dans un premier temps nous documenter sur le Brésil et voir avec une agence de voyages. Nous déciderons peut-être de manière concertée de le reporter. Il se peut que je l’accompagne alors vers un « impossible », mais également dans sa déception.
Dans vos publications, vous utilisez le terme « empowerment ». Comment le différenciez-vous de l’autodétermination ?
L’autodétermination est une action individuelle, alors que l’empowerment est une notion individuelle et collective. Dans sa dimension collective, il s’agit de décider d’une action commune ou de résoudre ensemble un problème. Tout le monde profite de la solution trouvée. C’est la mise en commun des ressources de chacun. Ainsi, nous augmentons collectivement notre pouvoir d’agir sur une situation. Cette notion a été utilisée par des groupes minoritaires, comme la population des ghettos noirs en Amérique ou par les mouvements de femmes victimes de violence.
Quels sont les outils pour amener une personne en situation de handicap à l’autodétermination ?
L’autodétermination est une action individuelle, alors que l’empowerment est une notion individuelle et collective. Dans sa dimension collective, il s’agit de décider d’une action commune ou de résoudre ensemble un problème. Tout le monde profite de la solution trouvée. C’est la mise en commun des ressources de chacun. Ainsi, nous augmentons collectivement notre pouvoir d’agir sur une situation. Cette notion a été utilisée par des groupes minoritaires, comme la population des ghettos noirs en Amérique ou par les mouvements de femmes victimes de violence.
Malheureusement, les personnes en situation de handicap sont souvent trop protégées par leur entourage. Nous avons peur de les mettre en échec et faisons « à la place de ». Un environnement trop protecteur ne permet pas l’autodétermination.
Comment ce principe d’autodétermination est-il accueilli et appliqué dans les institutions suisses ?
La Suisse a fait le choix des établissements spécialisés. Ceux-ci tendent vers la protection des personnes accompagnées. Les institutions doivent rester vigilantes et permettre aux personnes de choisir leur lieu de vie, et pour celles qui le désirent de vivre hors de l’institution. Cela suppose une analyse des risques que cela comporte et d’en assumer les conséquences. La sécurité à 100 % n’existe pas.
Dans la plupart des institutions spécialisées, il y a eu une réflexion importante sur la place que l’on accorde aux personnes et comment elles peuvent prendre part aux prises de décisions. Aujourd’hui, les équipes consultent les personnes avant d’organiser une activité.
Actuellement, les institutions tendent à s’ouvrir à la communauté. Le concept d’autodétermination est souvent inscrit dans leurs valeurs premières.
Quelle est votre méthode d’intervention ?
Je donne des formations au personnel dans plusieurs institutions, parfois pendant plusieurs années. Je commence par un peu de théorie et rapidement, je passe à des situations concrètes. Nous travaillons en groupe sur la posture et utilisons les réactions des participants qui observent et commentent. Pour chaque situation, nous analysons les avantages et les inconvénients, les risques selon les diverses manières d’accompagner la personne et ce qui favorise ou au contraire empêche son autodétermination.
De leur côté, à Fribourg, Geneviève Petitpierre et sa collègue Barbara Fontana ont repris et adapté des outils américains pour accompagner les personnes en situation de handicap à l’autodétermination. Ces outils ont été expérimentés récemment dans le canton de Vaud.
Je pense que nous devons développer des programmes pour mieux répondre aux besoins d’autodétermination des personnes. Bien sûr, il arrivera qu’elles échouent dans leur projet. Mais, l’important, c’est qu’elles persévèrent et quand il y a quelqu’un pour les aider à se relever, c’est encore mieux. J’en suis convaincue.
Biographie
Manon Masse a un doctorat en Sciences de l’éducation, un DES en Psychologie clinique et un Bac. es Sc. Ergothérapie.
De 1985 à 2003, elle a exercé dans le milieu socio-éducatif et de la santé auprès de personnes en situation de handicap et de leurs proches au Québec et en Suisse, en tant que directrice d’institutions sociales, responsable pédagogique, psychologue clinicienne et ergothérapeute.
Depuis 2004, elle est Professeure à la HETS de Genève (Haute école de travail social). Elle est rattachée à la HES-SO (Haute École Spécialisée de Suisse occidentale), elle enseigne dans le programme de Master en Travail social et coordonne le programme des écoles doctorales en Travail social de la HES-SO.