Améliorer la vie sociale et l’autonomie grâce à la lecture labiale

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La communication est essentielle dans le cadre professionnel et tout particulièrement dans le milieu du handicap. Afin de parfaire cette communication entre le personnel, les résidents et les collaborateurs en emploi adapté, la Fondation Foyer-Handicap a organisé une formation de lecture labiale.

Christophe Delorme, maître socioprofessionnel responsable de la cafétéria de l’atelier des Voirets, en est l’instigateur. «Je rencontrais plusieurs problématiques avec nos clients. Certains d’entre eux avaient des pathologies qui rendaient la communication verbale difficile. J’ai alors fait quelques recherches et suis tombé sur un article parlant de la formation de lecture labiale. Par la suite, j’ai contacté «forom écoute», la fondation romande des malentendants, qui m’a mis en lien avec deux formatrices spécialisées», explique Christophe Delorme.

Marialuisa Bonvin et Valérie Studemann ont accepté, pour la première fois, de donner un cours de lecture labiale au personnel d’une institution et de surcroit à des personnes entendantes. En effet, la lecture labiale est surtout destinée aux personnes malentendantes ou sourdes.

«Nous voulions que cela soit utile dans la pratique quotidienne du personnel», expliquent les formatrices. «Le cours est centré sur la communication et les bases de la lecture labiale. Il est accompagné d’exercices pratiques et de supports visuels. Le cours se donne le plus possible sans voix», poursuivent-elles.

L’accent est mis sur l’importance d’être complètement présent avec l’autre et de le regarder attentivement. «La personne doit savoir de quoi on parle. Par exemple, un changement de sujet doit toujours être bien indiqué», continuent-elles.

Inconsciemment, lorsque nous nous trouvons dans un environnement bruyant comme un bar, un restaurant ou chez le coiffeur, chacun de nous tente de lire sur les lèvres de notre interlocuteur. «C’est un moyen qu’a tout un chacun pour comprendre l’autre et c’est souvent une bouée de sauvetage pour les personnes malentendantes. Cela leur permet de garder le contact avec l’extérieur et de sortir de l’isolement», constatent Valérie et Marialuisa.

Cependant, quelques astuces et techniques sont nécessaires à la lecture labiale.

«A chaque mouvement des lèvres correspond un son. On perçoit tout d’abord des indices sur la bouche. Mais ce n’est pas suffisant. Nous ne pouvons lire sur les lèvres que 30% de ce qui est dit. Le reste est interprété par notre cerveau qui complète ce qui manque. C’est ce que nous appelons «la suppléance mentale». Nous allons chercher des mots dans notre mémoire et les sélectionnons selon le contexte. Il s’agit d’un travail de reconstruction», argumentent les deux formatrices.

Une parfaite maîtrise de la lecture labiale demande des années d’entraînement.

«Il faut prendre du temps avec des personnes malentendantes. Cela requiert de la concentration. C’est une pratique fatigante qui dépend également de l’humeur du jour. Il faut être détendu. Certaines personnes ont naturellement plus d’aptitudes que d’autres», concluent-elles.

A la fin de la session de cours, les participants ont rapporté aux formatrices que la lecture labiale peut être une aide à la compréhension de certaines personnes au sein de la Fondation. Cette formation leur a aussi fait prendre conscience de l’importance d’être plus attentif dans les échanges.

 

Les formatrices

de g. à d. Marialuisa Bonvin et Valérie Studemann

de g. à d. Marialuisa Bonvin et Valérie Studemann

Valérie Studemann a beaucoup voyagé et a travaillé dans de multiples domaines tels que l’aviation, l’humanitaire, la géologie et le pétrole. Pendant quelques années, elle a fait du soutien pédagogique à l’école pour des enfants sourds et malentendants.
«Il y a longtemps que je suis sensibilisée aux problèmes de la surdité. Mon amie d’enfance était sourde. J’ai appris le langage des signes pour être capable de communiquer avec elle», explique Valérie.

Marialuisa Bonvin, d’origine italienne, est en Suisse depuis 24 ans. Elle a fait du bénévolat avec la Croix-Rouge dans un foyer pour aveugles. Elle a également enseigné l’italien à l’Université Populaire de Genève.

«La mère de ma meilleure amie étant sourde, j’ai été confrontée très vite à ce que peut représenter ce handicap et ce qu’implique de vivre avec un malentendant. Par la suite, j’ai pris des cours de lecture labiale pendant plusieurs années», dit-elle.

Valérie et Marialuisa ont terminé, en 2015, une formation d’enseignantes de lecture labiale. Depuis début 2016, elles organisent différents cours destinés aux personnes malentendantes. Elles désirent mieux faire connaitre le handicap de la malentendance.