Aujourd’hui, encore 305 peuples autochtones vivent au Brésil, ce qui représente environ 900 000 personnes, soit 0,4 % de la population brésilienne.
Lorsque les premiers colonisateurs européens sont arrivés en 1500, ce qui est aujourd’hui le Brésil était peuplé d’environ 11 millions d’Indiens, répartis en 2000 tribus. Durant le premier siècle de cohabitation, 90 % d’entre eux ont été décimés, en majorité à cause des maladies importées par les colonisateurs, comme la grippe, la rougeole ou la variole.
Durant les siècles suivants, des milliers d’autres sont morts, réduits en esclavage dans les plantations d’hévéa (des arbres à caoutchouc) et de canne à sucre.
Sous la dictature militaire (dès 1964), des milliers d’Indiens sont déplacés de force, afin de construire sur leurs terres des routes ou des barrages hydroélectriques. Beaucoup décède de maladie ou sont assassinés.
Au XXe siècle, le gouvernement brésilien a adopté une attitude plus humanitaire, donnant aux Indiens une protection officielle avec la création de premières réserves indiennes. Mais cette protection n’est toujours pas suffisante et des nouvelles invasions, expulsions et massacres ont encore lieu.
Aujourd’hui, le Brésil s’emploie à développer et industrialiser l’Amazonie à travers des projets agressifs ; même les zones les plus reculées sont à présent menacées. Plusieurs barrages hydro-électriques sont en cours de construction à proximité de groupes d’Indiens isolés, des milliers d’autres Indiens seront privés d’eau, de nourriture et de leurs terres. Ces barrages fourniront de l’énergie bon marché aux compagnies minières qui s’apprêtent à exploiter les territoires autochtones, si le Congrès adopte un projet promu par le lobby minier.
Dans le sud du pays, de nombreuses tribus telles que les Guarani vivent dans des conditions déplorables sous des bâches le long des routes. Leurs leaders sont pris pour cible et éliminés par des milices privées constituées d’hommes armés à la solde des éleveurs pour les empêcher de réoccuper leur territoire ancestral. Nombreux sont ceux qui se sont suicidés de désespoir devant la perte de leurs perspectives d’avenir — même des enfants sont concernés !
Leur lieu d’habitation, la forêt amazonienne est menacée
On parle même de « génocide ethnique »… notamment pour dénoncer les massacres, les assassinats, les tortures, les viols, l’exploitation sexuelle dont sont victimes les autochtones, en particulier les femmes et les petites filles. En dix ans, la forêt amazonienne s’est rétrécie de 500 000 km2 (soit approximativement la superficie totale de la France), la majeure partie perdue devenant pâturage pour le bétail ou des plantations de soja. En termes de surface, l’Amazonie brésilienne est celle qui est victime de la plus grande déforestation annuelle de la planète (!). Un autre problème est l’orpaillage, la recherche artisanale d’or dans des rivières. L’exploitation industrielle de l’or est une activité souvent très polluante et durablement contaminante pour l’environnement. Les orpailleurs défrichent la forêt, empoisonnent au mercure les rivières et les poissons et apportent maladies et criminalité.
À noter qu’en 2020 et 2021, cinq tonnes d’or provenant de l’Amazonie brésilienne ont été importées en Suisse, où l’on perd toutefois sa trace… ce qui fait que la Suisse est le deuxième plus gros importateur d’or brésilien ! À ce jour, on ne sait pas qui a réceptionné en Suisse cet or d’origine problématique. Ceci, malgré des demandes auprès des six raffineries suisses qui pourraient entrer en ligne de compte. Elles transforment le précieux métal sans en dévoiler l’origine…
Apparemment, le Président Lula a vu le danger et a révélé un plan d’action avec notamment la saisie immédiate de la moitié des zones exploitées illégalement à l’intérieur des espaces protégés, la création de trois millions d’hectares supplémentaires de ces aires préservées d’ici à 2027, ainsi que des milliers d’embauches de spécialistes du sujet.
Pour atteindre ses objectifs, Lula tente de convaincre les pays les plus riches de financer la sauvegarde de la forêt. La Norvège et l’Allemagne ont déjà contribué au fonds pour l’Amazonie créé pour cette raison.
Les tribus de leur côté ont commencé à démarquer leurs terres pour pouvoir préserver leur territoire et le protéger d’intrus. Ainsi, elles luttent pacifiquement pour défendre leurs terres.
Les zones de la forêt Atlantique brésiliennes sur lesquelles les peuples autochtones se sont vus accorder des droits de propriété souffrent moins de déforestation que celles où ils ne bénéficient pas de droits équivalents.
Le Brésil se dote d’une ministre des Peuples indigènes
Au début de l’année 2023, une leader autochtone combative et charismatique, Sônia Guajajara, a été nommée à la tête du nouveau ministère des Peuples indigènes, crée par Lula, après quatre ans d’opposition farouche à la politique « génocidaire » du président sortant Bolsonaro.
La présence de cette activiste très respectée auprès de Lula laisse entrevoir un virage à 180 degrés de la politique environnementale brésilienne, après la forte augmentation de la déforestation sous le mandat du président de l’extrême droite Jair Bolsonaro. Sa nomination au gouvernement brésilien porte l’espoir d’une nouvelle ère après des années de politique anti-autochtone menée par l’ancien président Jair Bolsonaro.
Sônia Guajajara compte bien faire tenir au président élu de gauche Lula da Silva ses promesses sur la protection de l’environnement et des peuples autochtones.
Cette démarcation autorise les peuples autochtones à occuper les terres et à avoir l’usage exclusif de leurs ressources. Aucune nouvelle réserve n’avait été délimitée sous le mandat de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro.
L’avenir des autochtones
La question des terres sur lesquelles vivent les tribus brésiliennes se heurte aux intérêts économiques dont le Président Bolsonaro entend tirer profit en continuant d’exploiter l’Amazonie. L’avenir de la communauté indigène se joue à la Cour suprême brésilienne, qui doit prendre une décision relative au projet de loi susceptible de conduire à l’expulsion des Amérindiens de leurs terres ancestrales, s’il venait à être adopté.
De plus le harcèlement des défenseurs de l’environnement est une constante en Amérique latine. Comme en témoigne le récent rapport de l’ONG Global Witness, le Brésil est la région la moins sûre du monde pour les militants, dont la principale cause de décès est précisément la lutte contre la déforestation.
Les peuples non contactés du Brésil doivent être protégés et leurs droits territoriaux reconnus avant qu’ils ne disparaissent à jamais, en même temps que la forêt dont ils dépendent. Ils jouent un rôle essentiel dans le combat contre le réchauffement climatique et la conservation de la biodiversité amazonienne. Des territoires qui agissent comme des remparts contre la déforestation et l’exploitation minière, mais qui année après année sont grignotés par le secteur agro-industriel, encouragés sous l’ère de l’ancien Président Bolsonaro. Le Président Lula-da Silva a fait de leur défense et la sauvegarde de la forêt l’une de ses priorités. La reconnaissance et la survie des peuples autochtones sont en jeu.
Il existe cent peuples en isolement volontaire, qui n’ont aucune preuve de leur territoire.
Le 8 août 2013 se tenait le « sommet de l’Amazonie » à Belém, dans le nord du Brésil. Les dirigeants sud-américains cherchent à établir une feuille de route pour sauver la forêt. Il s’agit du premier sommet en quatorze ans pour le groupe des huit nations, créées en 1995 par les pays d’Amérique du Sud qui partagent le bassin de l’Amazonie. Il s’agit de la Bolivie, du Brésil, de la Colombie, de l’Équateur, de la Guyane, du Pérou, du Suriname et du Venezuela.
L’objectif est de sauver la plus grande forêt tropicale au monde, qui abrite environ 10 % de la biodiversité de la planète. Il faut concilier la protection de l’environnement avec l’inclusion sociale, la promotion de la science, de la technologie et de l’innovation, la stimulation de l’économie locale, la lutte contre la criminalité internationale, et la valorisation des peuples autochtones et des communautés traditionnelles ainsi que leurs connaissances ancestrales.
L’un des principaux défis sera de trouver un plan d’action commun pour éradiquer la déforestation illégale.
Le sol amazonien est un sol très fragile ; à partir du moment où on coupe la forêt, c’est toute la partie vivante qui va disparaître, ceci aura des conséquences pour le monde entier.
Déforestation en Amazonie
Pour en savoir plus
- FUNAI : Fondation nationale des peuples indigènes. La FUNAI est l’organisme gouvernemental brésilien qui élabore et applique les politiques relatives aux peuples autochtones. La FUNAI est chargée de cartographier et de protéger les terres traditionnellement habitées et utilisées par les communautés autochtones.
Son rôle est également d’empêcher que ces territoires ne soient envahis par les gens de l’extérieur.
D’après les données de la FUNAI, le Brésil compte 764 territoires autochtones, mais environ un tiers d’entre eux n’ont pas encore été homologués.
L’Amazonie brésilienne abrite le plus grand nombre de peuples non contactés au monde. La FUNAI estime leur nombre à plus d’une centaine. Leur volonté de ne pas vouloir établir de contact avec les autres peuples ou le monde extérieur résulte très certainement de rapports antérieurs désastreux, de l’invasion continue de leurs territoires et de la déforestation de leur environnement.
« Nous, les peuples autochtones, nous représentons seulement 5 % de la population mondiale, mais nous préservons plus de 80 % de la biodiversité mondiale »
Peuples indigènes
- Xokleng : les Xoklengs sont un groupe indigène du Brésil dont le territoire se trouve dans l’État de Santa Catarina. On les appelle également « botocudos ». Leur langue est le « xoclengue ». La communauté préfère le terme « laklaño »
- Kaingang : un peuple indigène du sud et sud-est du Brésil. Leur langue appartient à la famille linguistique jê-kaingang, du tronc macro-jê. Leur culture s’est développée à l’ombre des araucarias, dans les régions sud et sud-est du Brésil.
- Guarani : les Guaranis forment un groupe de population indigène des régions amazoniennes du Brésil, d’Argentine, de Bolivie, de l’Uruguay et du Paraguay, de langue Guarani, représentant environ 80 000 personnes.
- Yanomami : les Yanomami sont un peuple indigène d’Amérique du Sud. Présents au Brésil et au Venezuela, ils constituent un ensemble linguistique et culturel divisé en quatre sous-groupes parlant des langues mutuellement intelligibles, les langues yanomami. Leur population est estimée à 32 000 personnes.
- Enawenê Nawê : peuple indigène d’Amérindiens amazoniens du Mato Grosso, contacté pour la première fois en 1974, ils étaient 97. Aujourd’hui, ils sont plus de 500. Ils refusent la viande rouge et vivent surtout de pêche et de cueillette.
- Awa : tribu composée de chasseurs et de cueilleurs, qui vit aujourd’hui dans la partie brésilienne de l’Amazonie. Cette tribu est l’une des plus menacées du monde, notamment à cause de la déforestation, de l’urbanisation et de l’exploitation auxquelles elle doit faire face. En moins de 25 ans, 30 % du territoire Awa a disparu. Le territoire est pourtant — sur le papier — officiellement protégé par la Constitution brésilienne.
- Korubo : les Korubo sont parmi les dernières personnes sur terre à vivre en quasi autarcie, bien qu’ils aient à plusieurs reprises eu des contacts violents avec les autres communautés environnantes.
- Kawahiva : un peuple isolé amérindien vivant dans la forêt amazonienne brésilienne avec très peu de contacts avec les autorités. Ils ont survécu à de nombreuses attaques menées dans le but de les décimer. Aujourd’hui, les Kawahiva sont obligés d’adopter un mode de vie nomade. Ils installent des campements provisoires où ils restent plusieurs jours, puis se déplacent à nouveau pour échapper aux intrus Les Kawahiva sont sur le point de disparaître et ils seront victime de génocide si leurs droits ne sont pas protégés.
- Akuntsu : les trois derniers survivants du peuple Akuntsu ont été victimes de plusieurs attaques après avoir été témoins du massacre de leurs semblables et de la destruction de leurs maisons par les bulldozers des éleveurs. Dans quelques décennies, notre planète aura perdu un peuple, un langage et une culture unique…
- Piripkura : on ne sait pas comment ce peuple se nomme, mais leurs voisins, les autochtones Gaviao, les appellent Piripkura, « peuple papillon », à cause de leur habitude de se déplacer sans arrêt dans la forêt. Ils parlent le tupi-kawahib, une langue que partagent plusieurs peuples du Brésil.
Si le gouvernement n’entreprend pas rapidement de démarquer officiellement leur territoire, les derniers survivants connus des Piripkura disparaîtront à jamais.
- Munduruku : signifie « fourmi rouge » ; ils sont des chasseurs-cueilleurs, ils se nourrissent de noix de coco, de manioc, de fruits, de poisson et de gibier. Depuis 2010, un barrage stoppe le cours de la rivière Chinku.
- Kayapo : ils se nomment « Mebêngôkre », qui signifie « hommes du lieu de l’eau ». Menacés par les éleveurs, les bûcherons et les chercheurs d’or à leurs frontières, les Kayapos se sont battus et ont obtenu la reconnaissance officielle de leurs terres ai cours des années 1980 et 1990.
- Xingu : ils vivent sur le cours supérieur du Rio Xingu, affluent de l’Amazonie, dans l’État fédéral brésilien du Mato Grosso, au sein d’une région protégée, le parc indigène du Xingu, fondé dans les années 1960. Le peuple Xingu est un groupe de seize tribus amérindiennes de quatre langues différentes. Leur population compte environ 1000 à 3000 individus.
Ils ont créé le « Xingu Seeds Network » en 2004 avec le but de collecter des semences et de les replanter, lorsque les communautés Xingu ont remarqué que la qualité d’eau du fleuve Xingu avait empiré.
- Amyu : l’armée des hommes-guêpes. Ils vivent volontairement à l’écart du monde des blancs. Avant de partir au combat, les guerriers attaquent les nids des guêpes. Pour les jeunes Amyus, la première attaque d’un nid de guêpes est l’occasion de manifester leur courage et leur engagement pour une guerre qui se prépare ; celui qui nourrit son corps avec le venin de guêpe ne craint pas celui de l’homme. Les hommes chassent, les femmes travaillent la terre. Ils sont menacés par la construction d’un barrage.
- Matis : ils vivent dans la vallée de Javari, une des zones les plus reculées de l’Amazonie Brésilienne, réputée très dangereuse à cause du trafic de drogue, de la pêche ou de l’orpaillage illégal, et où vivraient les dernières populations « non-contactées » de la planète.
- Tupinamba : tribus guerrières d’Amazonie d’origine tupi
L’ONG « Survival International » lutte pour la survie des peuples autochtones. Ils empêchent les bûcherons, les chercheurs d’or et les compagnies pétrolières de détruire la terre, la vie et l’avenir des peuples autochtones à travers le monde. Ils font pression sur les gouvernements pour qu’ils reconnaissent les droits territoriaux autochtones. Ils documentent et mettent en lumière les atrocités commises contre les autochtones — et agissent pour y mettre un terme.
Raoni Metuktire, est l’un des grands chefs du peuple kayapo vivant au cœur du territoire indigène de Capoto-Jarina, terre indigène homologuée protégée sur le territoire du Brésil. Il est une figure internationale de la lutte pour la préservation de la forêt amazonienne et de la culture indigène
Commentaire
Je crains que ces peuples ne disparaissent dans l’ignorance… déjà rien que l’idée de demander à ces peuples de prouver par documents écrits qu’ils sont propriétaires des terres sur lesquelles ils vivent, est aberrant ! Pourtant, dans la constitution elle — même, un chapitre entier est consacré aux peuples autochtones, qui affirme : « les terres traditionnellement occupées par les peuples autochtones sont celles qu’ils habitent de façon permanente, qui sont utilisées pour leurs activités productives, qui sont indispensables à la conservation des ressources environnementales nécessaires à leur bien-être et celles qui sont nécessaires à leur reproduction physique et culturelle, selon leurs us et coutumes “.
Je voudrais croire que ce texte est assez clair… pour tout le monde… J’espère que l’exemple de la tribu des Xingus sera suivi par d’autres peuples pour le reboisement des terres. Les peuples non contactés du Brésil doivent être protégés et leurs droits territoriaux reconnus avant qu’ils ne disparaissent à jamais en même temps que la forêt dont ils dépendent. Les bûcherons clandestins et les éleveurs envahissent leurs territoires et introduisent des maladies, auxquelles les peuples si aucune mesure de protection n’est prise de toute urgence, ils ne survivront pas. Ils doivent avoir le droit de décider de vivre isolés ou pas. Mais, dans la perspective d’exercer ce droit, ils ont besoin de temps et d’espace pour ce faire.
J’ai choisi ce sujet parce que mon père est Bolivien et que sa langue maternelle, le quechua, est menacée de disparaître. Je retrouve des parallèles avec le Brésil ; souvent, les jeunes d’aujourd’hui ne reconnaissent plus les richesses de leurs racines et n’ont d’yeux que pour les États-Unis. Le Brésil n’a jamais officialisé une langue autochtone ni un État fédéré. Cependant, les municipalités peuvent légalement officialiser une ou plusieurs langues autochtones sur leur territoire. Jusqu’à présent, une seule a eu la possibilité de le faire. Le Brésil est le premier producteur mondial de soja. Le soja se développe rapidement dans la région. Il a provoqué la déforestation, l’expulsion des populations autochtones de leurs terres et a altéré la biodynamique de la région avec des pesticides. Aujourd’hui, les jeunes autochtones ont de nouvelles ‘armes’ : les réseaux sociaux comme Twitter, Instagram, Facebook, WhatsApp ; ils montrent leur combat. Le continent sud-américain risque de perdre sa riche culture.
Sources images : Wikipédia
https://www.challenges.fr/monde/bresil-lula-legalise-six-reserves-indigenes_853728