
Aux Bains thermaux de Genève, tout le monde passe une après-midi très agréable.
Depuis peu, un bébé volcan est né au-delà du Salève avec une activité naissante, mais pour l’instant, sans danger pour la région. La population genevoise a eu très peur pendant quelques mois de cette manifestation nouvelle de la nature, et la région de Haute-Savoie aussi s’est inquiétée beaucoup de ce que les neiges ne fondent complètement à cause de cela.
Mais comme effet positif, une source d’eau chaude a surgi dans la campagne genevoise jusqu’au lac. Une entreprise du marché du wellness a pris en main le phénomène et a construit des bains thermaux avec vue panoramique sur le domaine lacustre.
Aujourd’hui une formidable journée ensoleillée a permis aux nuages de se dissiper, bien que le mauvais temps soit de moins en moins au rendez-vous, car la chaleur s’échappant de la terre dissipe souvent les nuages, surtout à partir du mois de février. En conséquence, un nouveau climat est en train d’émerger à Genève et les gens se demandent quel sera leur avenir.
Le froid est toujours là cependant et le ciel bleu, cette luminosité si bien venue qui éclaire les visages, permet au soleil intérieur d’émerger. C’est pourquoi tout le monde est de bonne humeur.
Personne n’a plus envie de lutter. La situation économique de la région et du monde semble moins importante et dans cet endroit où la joie apparaît avec force, ils ont fait la paix avec eux-mêmes. Le laisser-aller dans la détente est au rendez-vous, ils se sont mis à bronzer assis sur les planches en bois contiguës à l’abri en bois chauffé avec des poêles utilisant l’eau chaude des nappes phréatiques brûlantes.
Ce sol recouvert de planches en bois est protégé du vent et donne vue sur un lac paisible.
La buvette extérieure est bondée. On dirait que tout le monde à Genève a décidé de se donner rendez-vous aux Bains pour se désaltérer en bonne compagnie.
Dans cette ambiance chaleureuse, Mathilde et Tania ont décidé de rester au chaud près des poêles.
Mathilde est infirmière, elle a travaillé lundi de 22 heures à 6 heures du matin. Après avoir pris un petit déjeuner, elle s’est couchée et a dormi jusqu’à 14 heures. Le lendemain c’est mercredi et c’est son jour de repos. Et donc, elle décide de venir se restaurer aux Bains thermaux. Leur spécialité en hiver, c’est la fondue. C’est pratique aussi cet endroit, parce qu’ils ont même des caquelons pour 1 personne et Mathilde se trouve seule aujourd’hui pour son jour de congé.
Tania vient tous les jours, par tous les temps. Elle se pose dans l’abri, non loin d’un poêle, avec son ordinateur, et travaille ainsi à distance avec son boss qui se trouve à Berlin. Elle crée des logos publicitaires, elle fait ça toute la journée, alors pour se changer les idées, elle lève le nez de temps en temps de l’écran pour profiter de l’ambiance du lieu. Parfois, elle rencontre même des gens, elle boit des cafés avec eux, partage quelques bons moments. Mais d’autres fois, elle ne parle pas de la journée à quelqu’un, cela dépend des jours. Même dans le cadre des Bains qui sont devenus en peu de temps, l’endroit le plus à la mode de la ville et le plus branché.
Dans tous les lieux des Bains, qui comportent deux bassins, un d’eau naturellement chaude et un autre froid, il y a des tableaux artistiques affichés sur les murs des cabines qui jouxtent ces deux piscines. En effet, quelques artistes de la région se sont amusés à photographier le bébé volcan, à quelques 100 kilomètres de Genève, en Haute-Savoie.
Les photos sont affichées et à côté de chacune d’elles se trouve une peinture de couleurs abstraites. Elles représentent les émotions ressenties par les gens lors des événements climatiques et terrestres survenus au cours de la naissance du bébé volcan.
Certains ont dit que c’était la fin du monde, d’autres ont dit que les océans parviendraient bientôt jusqu’à Genève, d’autres encore mentionnaient qu’il y aurait l’émergence d’insectes géants et tropicaux. Tout le monde avaient cru à une catastrophe qui changerait tout dans leur vie, car il n’y a plus eu pendant quelques mois de pluie, on croyait aussi que la nature pourrait devenir désertique.
Bref, cela a été la panique générale, les manchettes de journaux toujours recouvertes de titres les plus inquiétants les uns que les autres pendant un an, toutes des prédictions des plus grands experts du climat et de la géologie. En effet, ces derniers sont devenus les stars de l’actualité et ils ont profité pour envisager les scénarios les plus pessimistes qui ont alarmé l’opinion publique.
Genève avait le ciel qui lui est tombé sur la tête !
Puis il y a eu une semaine extraordinaire où la pluie est revenue, c’était un mois de septembre. En fait, l’été avait été très sec et avait duré un an. Puis, les cycles des saisons se sont remis en place. Voilà cinq années que le temps est stable…, les hivers se révélant passablement nuageux et froids. Tout le monde en a été ravi et soulagé. Mais que d’inquiétudes !
Aussi, c’est là que l’entreprise de wellness a pris la décision d’exploiter les nouvelles conditions de la région et cela fait bientôt trois ans que les Bains existent.
Tania en a eu marre de son ordinateur, elle a levé le nez :
– Elle est bonne la fondue madame, dit-elle à Mathilde ?
– Excellente et enfin un lieu où se détendre après les événements… !
– Oui c’est un lieu extraordinaire ! Vous faites quoi dans la vie ?
– Ah ! Je suis infirmière, je travaille de nuit.
– Ah ! c’est dur comme métier, ça. Pas trop dur pendant les événements ??
– Ben, tous les services ont été pleins à craquer à l’hôpital…
– Oui, c’est qu’il y a des gens qui ne supportent pas les changements de la nature…
– Oui, moi j’y suis déjà habituée… J’ai vécu à San Francisco pendant dix ans : là-bas il y avait tout le temps la menace de secousses sismiques…
– Moi j’ai vécu dans le sud de la France : chaque été, il y avait d’énormes inondations qui ravageaient tout sur leur passage… D’ailleurs, c’est pour ça que la région s’est dépeuplée…
– Quand les événements ont commencé, je venais de terminer ma formation d’infirmière et ça a été tout de suite ultra-surchargé le service dans lequel j’ai été engagée…
– Non ? Trop dur !
– Oui et c’est un chaman californien qui m’a aidée à tenir la pression. Il est scientifique aussi.
– Ah bon ?
– Oui, il me répétait tout le temps que les bébé-volcans mettent des milliers d’années à devenir adultes. Alors qu’il ne fallait pas autant s’inquiéter…
– Ah c’est vrai ? Vous avez eu de la chance. Moi j’ai pas arrêté de parler avec ma cousine qui travaille à la Gazette Du Coin et qui ne me parlait que de scénarios qui me faisaient trop peur, vraiment j’ai eu vraiment trop peur !…
– Bon je vais aller me baigner, dit Mathilde.
– Bon alors, bonne baignade, répond Tania !