Qu’est-ce que l’ergothérapie en basse vision ?

photoprincipale.jpg

Rencontre avec Marie-Anne Passerel, une ergothérapeute spécialisée en basse vision depuis 16 ans.

Son métier d’ergothérapeute consiste à ce qu’une personne puisse retrouver ou maintenir son autonomie malgré des situations de handicap ; la formation de base permet d’aborder toutes les AVQ (Activités de la Vie Quotidienne ou Journalière).

La spécialisation en Basse Vision amène en plus à :

  • Évaluer la vision des personnes même si elle est très basse.
  • Les entraîner à l’utilisation de leur vision.
  • Apporter des conseils concernant l’éclairage.

Il existe également d’autres spécialisations dans le domaine de la déficience visuelle telle que l’instruction en locomotion (le professionnel apprend à la personne déficiente visuelle à se déplacer en sécurité de manière autonome).


 

Pourquoi avoir choisi cette profession ?

Je suis intéressée par le domaine de la rééducation, par le fait de pouvoir utiliser ses propres ressources pour répondre à ses besoins.

C’est un métier très riche qui répond parfaitement à mes souhaits personnels et professionnels.

Ce qui me plaît sont les rencontres et le partage. Je ne fais que valoriser ce que font mes clients et, si besoin, les guider vers une ressource complémentaire (stratégie, moyen auxiliaire ou aide humaine). C’est une vraie richesse, j’ai la chance de travailler avec des personnes de tous âges et de toutes cultures.

Même si je suis très spécialisée, je collabore en réseau avec de nombreux autres professionnels tels que des ergothérapeutes spécialisés dans le déplacement, des assistantes sociales, des gestionnaires de stock du matériel ainsi que des fournisseurs.


 

Quest-ce qui est le plus difficile dans votre travail ?

Parfois, nous ne pouvons pas apporter la solution que le client souhaiterait. Nous sommes alors obligés de lui proposer des alternatives qui ne lui conviennent pas forcément. Par exemple, certains perdent la vision et souhaitent absolument avoir de nouvelles lunettes. Cependant, si elles n’apportent pas les résultats escomptés, nous sommes confrontés aux conséquences psychologiques du deuil de la vision perdue.

Sinon, comme nous avons beaucoup de demandes, il est difficile d’annoncer aux clients qu’ils sont sur une liste d’attente pour leur prise en charge.


 

Quelles sont les technologies qui facilitent leur quotidien ?

Elles se sont beaucoup développées ces dernières années grâce à l’apport de l’informatique et du numérique. Avant même de parler des technologies, je pense qu’il est très important d’évoquer les ressources des personnes, que ce soit au niveau du toucher, de l’audition et de l’odorat. Cela se fait avant même de chercher à leur rapporter des moyens supplémentaires. En effet, ceux-ci demandent un investissement de temps et d’énergie, surtout pour des gens qui peuvent difficilement intégrer ces nouveaux fonctionnements et qui ont déjà pas mal de choses à mettre en place.

Les smartphones sont en plein développement. Ils contribuent rapidement à l’autonomie des utilisateurs. Ils contiennent, par exemple, des applications spécifiques, un lecteur de livre audio ou une reconnaissance de caractère permettant de lire son courrier. La qualité des écrans offre la possibilité d’agrandir les images avec qualité.

Les tablettes, les ordinateurs et les appareils de lecture (ou agrandisseurs) permettent d’agrandir les textes, de les lire grâce à des synthèses vocales.

Des appareils lecteurs de disques contenant des livres audio offrent l’opportunité de reprendre ou arrêter le texte là où on le souhaite.

Les dictaphones peuvent aussi être utiles.

D’autres solutions existent, comme le recours à des applications, telles que « Be My Eyes » qui visent à aider les personnes aveugles et malvoyantes à reconnaître les objets et à faire face aux situations quotidiennes. Ceci grâce à l’aide de personnes voyantes connectées.

=> Article “L\’application qui devient nos yeux”


 Son parcours professionnel

40 ans, maman de 2 enfants.

2005 Diplôme français d’ergothérapeute

2005 Travaille à Nîmes, en France, à l’institut ARAMAV, un centre de rééducation pour adultes malvoyants ou aveugles.

2014. Arrive en Suisse. Travaille pour le service social et réadaptation Basse Vision de Lausanne. Consultations sur place et à domicile dans le domaine de la basse vision.

2017 Travaille à Chênes-Bougeries au Centre d’Information et de Réadaptation (CIR) de l’Association pour le Bien des Aveugles et malvoyants (ABA).

2021 Diplôme fédéral de spécialiste en réadaptation basse vision.

 

Le saviez-vous ?

Les différentes unités de lAssociation pour le Bien des Aveugles et malvoyants (ABA)

    • EMS, Foyer du Vallon
    • Bibliothèque Braille Romande et livre parlé (BBR)
    • Centre d’Information et de Réadaptation (CIR)
    • Centre de Compétences en Accessibilité (CCA)

 La Bibliothèque Braille Romande et livre parlé (BBR)

Elle a pour mission de permettre aux personnes aveugles, malvoyantes ou empêchées de lire de tous âges d’accéder à l’information écrite. Elle adapte tout type de document en français sous forme textuelle (braille et divers formats numériques) ou audio. Par ses services et ses conseils personnalisés aux usagers, elle facilite l’accès à sa collection et à celle d’autres bibliothèques nationales et internationales.

Toute personne déficiente visuelle ou atteinte d’un autre handicap empêchant ou rendant difficile la lecture de textes imprimés peut bénéficier des prestations de la BBR.

Il existe plus de 10 000 ouvrages dans tous les domaines choisis.

La collaboration entre le CIR et la BBR permet de trouver les aménagements les plus adaptés pour que chaque personne avec un déficit visuel accède à la lecture (moyen grossissant, tablette, lecteur de CD…)