
Aujourd’hui, nous plongeons dans la vie d’un oiseau hors du commun : le Toui céleste. De Quito, en Équateur, aux forêts sèches du Pérou, ce petit perroquet vert à peine plus grand qu’un moineau nous fait découvrir son univers.
Interview exclusive avec un spécimen pas comme les autres.
Présentez-vous en quelques mots
Je m’appelle Celestino Verdeciel. J’habite dans une volière ensoleillée à Quito, en Équateur. Mais mes congénères peuplent aussi les forêts sèches du nord-ouest du Pérou.
Je suis le Toui céleste, alias Forpus coelestis. Chez certains, je suis « perroquet forpus », ailleurs « perruche moineau ». Peu importe le surnom : je suis un perroquet miniature avec une personnalité gigantesque.
D’où vient votre nom, « Toui » ?
Il vient du guarani tu’î, une langue amérindienne d’Amérique du Sud, où il désignait déjà de petits perroquets comme moi. Le mot est apparu pour la première fois en 1648 dans les écrits du naturaliste Georg Marcgrave (Historiae naturalis Brasiliae), puis a été repris au XVIIIᵉ siècle par Buffon dans son Histoire naturelle des oiseaux. Aujourd’hui, il est officialisé par la Commission internationale des noms français des oiseaux.
Comment vous décririez-vous physiquement ?
Je mesure environ 12 à 13 cm et pèse dans les 30 grammes. Trapus, queue courte, bec puissant. Nous avons de jolies taches bleues sur les ailes et derrière les yeux, tandis que nos femmes restent tout en vert. Pas mal pour un poids plume, non ?
Quelle différence de taille avec vos cousins les perroquets !
Énorme ! Un ara hyacinthe mesure plus d’un mètre, et un gris du Gabon pèse jusqu’à dix fois mon poids. Moi, je suis ce qu’on appelle un « micro-perroquet ».
Où vivez-vous ?
Nous aimons les forêts sèches, les broussailles et les forêts secondaires, jusqu’à 1 500 m d’altitude. Nous ne sommes pas farouches : nous nous adaptons aussi aux zones transformées par les humains, tant que nous y trouvons de quoi manger.
Qu’aimez-vous manger au quotidien ?
Ah, je suis un petit gourmet de la nature ! Mon menu est varié : je raffole des graines, mais j’aime aussi les fruits bien mûrs, les baies sucrées, les jeunes bourgeons, et parfois même les fleurs. Quand l’occasion se présente, je ne dis pas non à un petit insecte croquant.
Et comment faites-vous pour vous nourrir ?
Facile ! Je cueille directement sur les plantes ou je picore au sol. Avec mon bec solide et mes pattes agiles, je décortique tout ça sans difficulté. C’est un vrai travail d’artisan !
On dit que votre bec est tranchant… est-ce vrai ?
Eh bien, mon bec n’est pas tranchant comme un couteau, mais il est très puissant pour ma taille ! Comme tous les perroquets, j’ai un bec crochu, conçu pour casser des graines et ronger du bois. Je peux décortiquer une graine de tournesol en un clin d’œil, ou tailler une petite branche sans difficulté.
Pour toi, humain, si je décide de pincer fort, tu pourrais le sentir passer : ma morsure est ferme, un peu comme un petit coup de pince. Mais je ne l’utilise pas pour blesser gratuitement ! C’est surtout mon outil pour manger, grimper et explorer.
Donc votre bec est plus un outil qu’une arme ?
Exactement ! Mon bec est ma « main » et mon « couteau suisse » à la fois : je m’en sers pour ouvrir les graines, grimper aux barreaux, tailler mes jouets, et même pour toiletter les plumes de ma compagne. Si je pince un doigt humain, c’est souvent parce que j’ai peur, que je protège mon territoire, ou que je veux dire « laisse-moi tranquille ».
Et vous n’avez jamais peur d’être dérangé pendant les repas ?
Oh si, bien sûr… Je dois rester vigilant. Les rapaces me guettent depuis le ciel, les serpents et certains petits mammifères depuis le sol. Et puis… il y a aussi les chats. Je dois donc manger vite et rester attentif : la nature, c’est beau, mais parfois dangereux !
Quelle est votre espérance de vie ?
Dans la nature, notre vie est assez courte, autour de 8 à 10 ans. En captivité, protégés des prédateurs et bien soignés, nous pouvons vivre 10 à 15 ans, parfois plus. Certains recordmen atteignent même la vingtaine !
Alors, comment ça se passe quand vient la saison des amours ?
Nous devons atteindre notre première année de vie pour devenir sexuellement matures. J’aime commencer par lui chanter quelques notes, des sons doux, pour lui montrer que je pense à elle.
Ensuite, je me rapproche, je bombe un peu le torse, je bats des ailes d’un air élégant… tout en restant respectueux, bien sûr. Si elle accepte ma présence, je lui offre mes meilleurs soins : je lui lisse délicatement les plumes autour du cou, là où elle ne peut pas atteindre.
Et parfois, je partage même un petit repas avec elle, en lui donnant à manger directement. C’est ma façon de dire : « Regarde, je suis capable de prendre soin de toi et de nos futurs petits. » Quand elle accepte ces attentions, je sais que mon cœur a trouvé écho dans le sien.
Ma femme pond généralement 4 à 8 œufs. Elle les couve pendant 18 à 20 jours, pendant que je veille et aide au nourrissage. Les petits quittent le nid au bout de 30 jours environ.
Quel est votre caractère ?
Je suis curieux, intelligent et affectueux, mais attention : je suis aussi territorial. Avec moi, il faut de l’espace, des jouets et de l’attention. Je n’aime pas la solitude.
Et pour la parole ?
Je peux imiter quelques sons, voire des mots courts, mais je ne rivalise pas avec un gris du Gabon, capable d’imiter une voix humaine à la perfection. Je compense avec ma vivacité et mon côté espiègle.
Vous êtes bruyant ?
Pas du tout ! Contrairement à mes cousins perroquets, je suis plutôt discret, avec des gazouillis doux. Un atout pour la vie en appartement. Pour les humains qui croisent ma route, je suis un compagnon à la fois tendre et surprenant, une petite boule verte et bleue qui, une fois adoptée, ne laisse jamais indifférent.
Le cousin qui vit en captivité au Portugal
Pourriez également nous raconter le quotidien de vos cousins qui vivent auprès des humains ?
Oui, avec plaisir ! Je l’appelle sur mon portable et vous pourrez ainsi lui demander directement.
Alors cousin, comment ça va ? J’ai ici une journaliste qui aimerait connaître ton quotidien dans la famille Garcia au Portugal.
Bonjour, avec plaisir ! En captivité, j’ai besoin d’une alimentation variée. Mes colocataires humains me donnent surtout des graines spéciales pour perroquets, mais ce n’est pas suffisant. J’adore aussi les fruits comme la pomme ou la poire, et les légumes frais comme la carotte, les courgettes ou les feuilles de salade. Ça me garde en bonne santé ! Et attention : certains aliments comme l’avocat ou le chocolat sont très dangereux pour moi.
Avez-vous des préférences particulières ?
Oh oui, je raffole du maïs tendre et des petites baies ! Mais il faut toujours équilibrer. Si je ne mange que des graines grasses comme le tournesol, je risque de tomber malade. Alors, mes colocs veillent à me donner un vrai menu de chef.
Et côté comportement, comment êtes-vous dans la vie de tous les jours en captivité ?
Je suis un petit perroquet très sociable ! J’aime vivre en couple ou avec ma famille. Je me sens plus heureux comme ça. J’adore qu’on me parle. Je peux même apprendre à imiter quelques sons. Je suis curieux, joueur et assez actif : il me faut des jouets, des branches à ronger et du temps pour voler un peu hors de la cage. Si on m’ignore trop longtemps, je peux devenir triste ou même grincheux.
Donc on peut dire que vous avez du caractère ?
Absolument ! Je suis petit, mais j’ai une grande personnalité. J’aime qu’on respecte mon espace, mais je rends beaucoup d’affection en retour. Avec une bonne alimentation, des jeux et de l’attention, je suis un compagnon joyeux et bavard.
Et dites-moi, comment ça se passe pour la reproduction quand vous vivez en captivité ?
Oh, c’est une étape importante pour nous. D’abord, il faut que je sois bien installé avec ma compagne : nous avons besoin d’un endroit calme et sécurisé. Nos colocataires nous mettent souvent une petite boîte-nid en bois dans la cage, c’est notre maison pour accueillir les œufs.
Comment vous préparez-vous à ce moment-là ?
Avant de pondre, nous passons beaucoup de temps à nous toiletter mutuellement, à nous nourrir et à renforcer notre lien. Ensuite, ma compagne pond entre 4 et 6 œufs, un tous les deux jours environ. Elle les couve avec beaucoup de patience, tandis que je veille à lui apporter de la nourriture et à surveiller les environs.
Et après la naissance des petits ?
C’est là que le travail commence vraiment ! Les poussins naissent nus et très fragiles. Ma compagne les garde au chaud, et moi je fais de nombreux allers-retours pour nourrir tout le monde. Quand les petits grandissent, nous partageons les tâches pour leur donner à manger. Au bout d’un mois environ, ils commencent à sortir du nid et à découvrir le monde.
Donc en captivité, vous arrivez à bien fonder une famille ?
Oui, mais seulement si les conditions sont bonnes : une alimentation riche, un espace adapté, du calme et du respect de notre rythme. Sinon, nous pouvons être stressés et ne pas vouloir nous reproduire. Nos colocataires doivent être très attentifs, car nous confier la vie de nos petits, c’est une grande responsabilité.
Merci beaucoup pour toutes ces précisions et bonne journée à vous !
Ciao cousin, j’attends toujours ta visite. Salue bien toute la famille !
On raconte que les perruches ont souvent été vues comme des messagères des dieux. Qu’en pensez-vous ?
Ah, ces histoires me font sourire ! Dans certaines cultures, on dit que nous portons chance, que notre chant peut éveiller la sagesse, et que notre présence rapproche les êtres qu’on aime. J’aime croire que, même si je suis petit, j’apporte un peu de lumière et d’harmonie dans la vie de ceux qui m’observent.
Alors, vous vous considérez un peu comme un petit messager ?
Exactement ! Quand je chante le matin ou que je saute de branche en branche, je pense que je transmets un message de joie et d’attention. Les anciens disaient que nos couleurs et notre énergie avaient le pouvoir d’inspirer et de protéger. Même si ce n’est qu’un mythe, je trouve que ça correspond à ce que je ressens : chaque petit geste, chaque plume brillante, peut illuminer le cœur d’un humain.
Et si quelqu’un voulait mieux vous comprendre, comment pourrait-il le faire ?
Il suffit de m’observer patiemment, de respecter mon espace et de m’offrir des moments de jeu et de chant. Alors, je partagerai avec lui ce que les légendes disent : un peu de sagesse, un souffle de bonheur, et beaucoup de curiosité. C’est notre petit miracle du quotidien !
Merci d’avoir répondu à mes questions !
Merci pour ce moment convivial ! Chao !