Comment un simple mélange nettoie-t-il toute une planète ?

Par Celya
savon de Marseille

Qu’il soit en pain, liquide, parfumé ou neutre, le savon fait partie de notre quotidien. On l’utilise tous les jours sans forcément se poser de questions… mais savez-vous vraiment comment il fonctionne ? D’où vient-il ? Pourquoi certains savons sont-ils plus doux que d’autres ?

De la Mésopotamie antique aux savons artisanaux tendance, en passant par les gels douche modernes, le savon a une histoire fascinante et un rôle clé dans notre hygiène. Mieux encore, il est possible de le fabriquer soi-même avec quelques ingrédients simples !

Dans cet article, nous plongeons dans l’univers du savon : son origine, son fonctionnement, ses différentes formes et même une recette facile pour créer le vôtre à la maison. Êtes-vous prêts à faire mousser vos connaissances ?

Qu’est-ce que le savon ?

Le savon est un produit d’hygiène indispensable qui permet d’éliminer les impuretés et les microbes. Il est fabriqué à partir d’un mélange de corps gras (comme des huiles végétales ou animales) et d’une substance alcaline, comme la soude (pour les savons solides) ou la potasse (pour les savons liquides).

Ce mélange donne naissance à une réaction chimique appelée saponification. Celle-ci transforme les graisses en savon et en glycérine, une substance aux propriétés hydratantes. Concrètement, le savon agit en capturant les graisses et les saletés grâce à sa structure moléculaire unique : il possède une partie qui apprécie l’eau (hydrophile) et une autre qui préfère le gras (lipophile).

Lorsqu’on se lave les mains, les molécules de savon emprisonnent les impuretés dans l’eau et les emportent avec elles lors du rinçage. C’est grâce à ce mécanisme que le savon est si efficace pour nettoyer la peau et lutter contre les infections.

Une histoire vieille comme le monde

Le savon accompagne l’humanité depuis des millénaires. Les premières traces de son utilisation remontent à environ 2800 av. J.-C., en Mésopotamie, où des tablettes d’argile mentionnent un mélange de graisses et de cendres utilisé pour laver les textiles. Plus tard, vers 1550 av. J.-C., un papyrus égyptien décrit une substance semblable au savon employé pour l’hygiène corporelle.

Les Romains améliorent la fabrication du savon et en popularisent l’usage dans leurs thermes, vers le 1er siècle apr. J.-C.. Selon une légende, le mot « savon » viendrait du mont Sapo, un lieu où les Romains auraient découvert accidentellement le procédé de saponification en sacrifiant des animaux dont la graisse se mélangeait aux cendres de bois.

Au Moyen Âge, les grandes savonneries apparaissent, notamment à Alep en Syrie (savon d’Alep) et à Marseille en France, où la production de savon se développe dès le 12ᵉ siècle. En 1688, l’édit de Colbert impose des règles strictes sur la fabrication du « savon de Marseille », garantissant un produit de qualité à base d’huiles végétales pures.

Avec la révolution industrielle au 19ᵉ siècle, la production de savon devient massive grâce aux avancées scientifiques, notamment celles du chimiste français Nicolas Leblanc en 1791, qui met au point un procédé pour produire de la soude à grande échelle. Enfin, au 20ᵉ siècle, le savon évolue vers les gels douche et les détergents synthétiques, mais le savon traditionnel reste un incontournable de l’hygiène quotidienne.

Comment le savon nettoie-t-il ?

Le savon agit en emprisonnant la saleté et les bactéries grâce à ses molécules particulières. Celles-ci forment de petites sphères appelées micelles, qui capturent les impuretés et empêchent leur adhésion à la peau. Une fois emprisonnées, ces impuretés sont éliminées lors du rinçage. Contrairement à l’eau seule, qui ne peut pas dissoudre les graisses efficacement, le savon permet de les détacher et de les évacuer, assurant ainsi un nettoyage en profondeur et une meilleure protection contre les infections.

Savon industriel vs savon artisanal

Il existe une différence majeure entre le savon industriel et le savon artisanal, principalement dans leur mode de fabrication et leurs effets sur la peau.

Le savon industriel est produit en grande quantité à l’aide de procédés accélérés qui permettent une fabrication rapide et à moindre coût. Cependant, ces méthodes impliquent souvent l’élimination de la glycérine, un composant naturellement hydratant issu de la saponification, afin de la réutiliser dans d’autres produits cosmétiques. Cela rend le savon industriel plus détergent et potentiellement desséchant pour la peau.

À l’inverse, le savon artisanal, fabriqué par saponification à froid ou à chaud, conserve la glycérine naturelle, ce qui le rend plus doux et nourrissant. Il est souvent enrichi en huiles végétales et beurres naturels, offrant ainsi des bienfaits supplémentaires pour l’hydratation et le soin de la peau. Cependant, il est généralement plus coûteux en raison de la qualité des ingrédients et du processus de fabrication plus long.


Ma recette facile et sans prise de tête pour un savon maison

Envie de jouer les apprentis chimistes et de fabriquer un savon qui sent bon sans y coller des produits chimiques ? Je vous embarque en cuisine, mais amenez vos gants et vos lunettes !

Les ingrédients pour environ 500 g de savon

  • 300 g d’huile d’olive (parce que ma peau mérite autant de douceur qu’une salade méditerranéenne)
  • 100 g d’huile de coco
  • 50 g de beurre de karité
  • 63 g de soude caustique (oui, ça fait peur, mais promis, on fait ça avec prudence)
  • 150 ml d’eau (pas pour boire, mais pour mélanger !)
  • Quelques gouttes d’huile essentielle (lavande, citron, ou ce que vous trouvez dans votre placard)

Matériel

  • Un bol en verre ou en inox
  • Une spatule en bois ou en silicone (je ne sacrifie pas ma cuillère préférée)
  • Un mixeur plongeant
  • Un moule en silicone
  • Des gants et des lunettes de protection

Les étapes (ça va bien se passer, promis !)

1. Je prépare la solution de soude

Je mets mes gants et lunettes (pas envie de finir en savonnette moi-même) et je verse la soude dans l’eau (et jamais l’inverse, sinon effet volcan !). Ça chauffe tout seul, je laisse refroidir.

2. Je fais fondre mes huiles et beurres

Dans un bain-marie, je fais fondre l’huile de coco et le beurre de karité, puis j’ajoute l’huile d’olive. Ça sent presque bon… enfin, pas encore.

3. Je mélange le tout

Quand les huiles, le beurre et la soude sont à environ 40 °C, je verse doucement la soude dans les huiles. J’attrape mon mixeur plongeant, je mixe jusqu’à ce que ça épaississe.

4. Je parfume (ou pas)

À ce stade, je peux ajouter quelques gouttes d’huile essentielle.

5. Je moule et j’attends (le plus dur)

Je verse mon savon dans un moule, je lisse et je couvre d’un torchon. Maintenant, je laisse reposer 24 à 48 h.

6. Je démoule et je coupe

Une fois mon savon durci, je le sors de son moule et je le découpe en morceaux. Ça commence à ressembler à quelque chose !

7. Je patiente encore (oui, encore…)

Le savon doit sécher à l’air libre pendant 4 à 6 semaines (oui, c’est long, mais c’est pour éviter de me brûler la peau !)

Mon savon maison est prêt ! Fait avec amour (et un peu de patience), il est doux, hydratant et surtout sans produits chimiques !


Le savon, cet indispensable du quotidien, cache derrière sa mousse une histoire fascinante et un procédé chimique ingénieux. Des premières recettes mésopotamiennes aux savons ultra-transformés d’aujourd’hui, il a su traverser les siècles en s’adaptant aux besoins de l’hygiène et du bien-être. Pourtant, à l’heure où les produits industriels dominent le marché, le retour aux savons artisanaux et faits maison séduit de plus en plus de personnes en quête de naturel et d’authenticité.

Avec une recette simple et accessible, fabriquer son propre savon devient une manière ludique et gratifiante de prendre soin de sa peau tout en évitant les substances chimiques. Alors, pourquoi ne pas troquer les gels douche chimiques contre un savon fait maison, doux et respectueux de l’environnement ? Après tout, quoi de plus satisfaisant que d’utiliser un produit conçu par ses propres mains ?