
À première vue, rien ne distingue ce terrain de pétanque d’un autre. Pourtant, ici, les boules écoutent autant qu’elles roulent. Grâce à un dispositif sonore très ingénieux, des joueurs aveugles et malvoyants s’adonnent à ce sport traditionnel avec une précision déconcertante. Un jeu de plein air où le sens de l’écoute devient la clé, et où l’inclusion prend tout son sens.
Une discipline en plein développement
La pétanque pour aveugles, aussi appelée pétanque adaptée ou encore handipétanque, n’a pas été inventée par une seule personne, mais elle s’est progressivement développée grâce à l’engagement de bénévoles, d’associations sportives et de fédérations handisport, désireux de rendre ce sport accessible à tous.
Petit retour historique
La pétanque est née en 1907 à La Ciotat, dans le sud de la France. Elle est issue du jeu provençal et a été créée pour permettre à un joueur blessé, incapable de courir, de continuer à jouer. Il devait alors lancer ses boules les « pieds tanqués » (joints), d’où le nom pétanque. Depuis, cette discipline s’est répandue bien au-delà des frontières françaises et est aujourd’hui pratiquée dans le monde entier.
Les règles de la pétanque pour les personnes aveugles ou malvoyantes
- Composition des équipes
Les parties se jouent généralement en doublette (2 contre 2) ou en triplette (3 contre 3), avec au moins un joueur aveugle ou malvoyant par équipe. Chaque joueur déficient visuel est accompagné d’un guide voyant, dont le rôle est essentiel pour l’orientation et la stratégie. - Le terrain et le cercle de lancement
Le cercle de lancement est matérialisé par un repère tactile (barre, cercle en relief, tapis antidérapant, etc.). Le terrain peut être adapté à l’aide de repères sonores ou tactiles afin de faciliter l’orientation spatiale des joueurs. - Le cochonnet (ou but)
Il peut être équipé d’un petit dispositif sonore (bip sonore ou grelot) facilitant sa localisation. - Le lancer des boules
Le joueur lance ses boules depuis le cercle tactile, toujours en restant à l’intérieur de celui-ci. Le guide peut indiquer la distance, la direction ou la position des autres boules à l’aide d’instructions verbales ou, dans certains cas, d’une assistance tactile (par exemple en positionnant la main du joueur). - Déroulement de la partie
Le principe est identique à celui de la pétanque classique : il s’agit de placer ses boules le plus près possible du cochonnet. Après chaque lancer, les guides annoncent les distances pour aider les joueurs à ajuster leur stratégie au fil de la partie. - Mesure des distances
Les distances entre les boules et le cochonnet sont mesurées à l’aide d’un mètre ou d’un outil adapté, puis communiquées verbalement au joueur déficient visuel. Cette information joue un rôle central dans l’adaptation de la tactique. - Respect des règles classiques
Le règlement général de la pétanque est conservé : les joueurs ne doivent pas sortir du cercle au moment du lancer, et les parties se jouent en 13 points. La seule différence réside dans les adaptations nécessaires à la perception sensorielle du joueur.
Un sport encore émergent, mais prometteur
En Suisse, la pétanque pour aveugles n’est pas encore structurée comme une discipline indépendante, mais elle est intégrée dans plusieurs initiatives d’inclusion par le sport. Elle demeure accessible et praticable dans de nombreux clubs ouverts au handisport.
La discipline reste émergente, encore peu développée dans certaines régions, et elle n’a pas encore obtenu de statut officiel au sein des Jeux paralympiques.
Plus qu’un simple loisir, la pétanque adaptée pour les personnes déficientes visuelles est une belle démonstration de ce que l’ingéniosité humaine et l’esprit d’inclusion peuvent accomplir. Grâce à des adaptations simples, mais efficaces, ce sport populaire devient un terrain d’égalité, d’écoute… et de précision redoutable.