L’émission Temps Présent met Foyer-Handicap sous les projecteurs

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L’émission phare de la RTS, Temps Présent, a consacré en janvier, un reportage sur l’accident vasculaire cérébral (AVC) en mettant notamment en valeur et en interviewant une collaboratrice de Foyer-Handicap, Christine Odier.
Elle nous livre ses impressions sur le tournage.

«Lorsque l’on m’a demandé si j’acceptais de témoigner à la télévision sur un reportage concernant l’AVC, j’ai tout de suite accepté. Je pense qu’il est important d’en parler afin de pouvoir apporter quelques informations qui pourraient être utiles aux personnes qui sont dans la même situation ainsi qu’à leurs proches. Ils sont bien souvent désarmés face à cette maladie.
J’ai d’abord eu un entretien avec la journaliste et la réalisatrice du reportage, afin qu’elles puissent m’expliquer ce qu’elles attendaient de moi et afin de connaître un peu mon histoire.

Nous nous sommes donc retrouvés un mardi matin du mois d’octobre à la Fondation afin d’être filmée sur mon lieu de travail avec une cliente qui avait accepté de jouer le jeu. Ce matin-là, tout s’est bien passé, j’ai réussi à me concentrer sur le cours et ma cliente, et non pas sur la caméra. Après, nous sommes allés avec ma voiture à la Place Neuve pour réaliser une séquence où je conduis dans la circulation. Déjà là, c’était moins drôle ! Je n’aime pas du tout cet endroit, trop de circulation, des voitures dans tous les sens, sans compter les bus et les trams. Bref, tout s’est bien passé tout de même. Puis en début d’après-midi, ils m’ont libérée de mes obligations de «star» !

Nous nous sommes retrouvés le lendemain après-midi au manège où je montais à cheval avant mon AVC. L’équipe de tournage a filmé une cavalière afin de donner l’impression aux téléspectateurs que c’était moi. J’étais contente de retourner à cet endroit où j’ai passé du temps avec la jument que j’avais à l’époque. Mais c’était sans compter sur le côté émotionnel. En effet, de voir cette cavalière partir avec son cheval m’a beaucoup touchée. Je n’ai pas réussi à gérer mes émotions et les larmes sont arrivées toutes seules. La journaliste m’a demandé si j’étais d’accord d’être filmée à ce moment-là. J’ai acquiescé afin de montrer aux téléspectateurs que, malgré que je m’en sois bien remise, ce n’est pas toujours drôle de devoir faire le deuil d’une bonne partie de ce que l’on faisait avant.

Après une promenade en forêt avec mon chien, nous sommes rentrés chez moi pour faire la partie interview, qui a duré jusqu’à 19h00. Cela m’a épuisée car toute l’attention était sur moi et je n’ai pas réussi à me focaliser sur autre chose que la caméra, contrairement au tournage de la veille à la Fondation.

Le lendemain, j’ai eu le contrecoup de tout cela : entre la fatigue et les émotions, c’était très dur à gérer et je n’étais pas bien du tout. Ceci dit, je suis très contente de l’avoir fait et si j’ai pu, grâce à ce reportage, apporter mon aide à d’autres personnes, alors le but est atteint.»

Les avis de l’équipe de Synergies

Mathilde Abboud
«Ayant personnellement subi un accident vasculaire cérébral en 2001, deux jours après la chute des tours du World Trade Center à New York, j’ai été touchée par ces témoignages de «miraculés de la vie» !
J’avais tout juste 38 ans. J’ai d’abord eu une sensation bizarre dans la tête, comme des tremblements. Puis, mon côté gauche s’est très vite engourdi et la pupille de mon œil s’est dilatée. Je suis arrivée inconsciente aux urgences des HUG. Je ne savais plus où j’habitais, ni que j’avais 3 enfants et j’étais incapable de calculer. J’avais en permanence un carnet sur lequel je notais mon adresse pour éviter de m’égarer. J’ai également perdu, pendant 6 mois, l’usage de la parole. J’écrivais au lieu de parler et ce n’était pas une mince affaire ! Je vous défie de suivre, avec un carnet et un stylo, une conversation à table entre plusieurs personnes…
J’ai heureusement pu réapprendre à parler grâce à la logopédie et à calculer grâce à la patience de … mes enfants !
Aujourd’hui, il me reste des symptômes invisibles tels qu’une grande fatigabilité et la perte momentanée de la mémoire à court terme. Par exemple, il m’est parfois impossible d’écrire un SMS car ma tête ne donne pas l’ordre adéquat à mes mains…
Mais je suis reconnaissante envers Foyer-Handicap qui me donne l’opportunité de travailler à 30%, d’une part pour me changer les idées et d’autre part pour garder un pied dans le monde professionnel.»

Dominique Gay
«L’émission nous montre à quel point la vie peut basculer en quelques secondes avec des séquelles très handicapantes. Le témoignage d’une éducatrice de la petite enfance m’a particulièrement ému. Elle est présentée dans le cadre de son travail dans un jardin d’enfants. C’est touchant de voir à quel point elle s’implique auprès des enfants de la crèche! Sa tendresse et ses talents d’animatrice restent intacts. Personne ne peut remarquer qu’elle a fait un AVC.
Par contre, j’ai été choqué que l’assurance invalidité lui propose une reconversion dans un métier moins pénible qu’elle pourrait assumer à 100% et ne pas avoir besoin d’une rente. Elle aurait ainsi dû renoncer à son métier qu’elle aime et exerce avec passion!»

Jean-Marie Disner
«C’est un reportage très bien construit, tant au niveau de la réalisation que dans la succession des témoignages, souvent émouvants, très réalistes et sans concession.
Cette émission démontre bien le bouleversement de vie d’une personne victime d’un AVC. Les séquelles, parfois invisibles, sont pourtant bien présentes durant toute son existence.
Ce qui m’a également marqué, c’est le manque de prise en compte de la spécificité de chaque cas par l’assurance invalidité qui statue sur des critères purement économiques. Elle ne tient pas compte des conséquences d’une décision trop lente ou inadaptée qui parfois peut péjorer la santé morale de l’individu concerné.»

Niels Vossenberg
«J’estime qu’il faut donner sa chance à toutes les personnes même handicapées après un AVC. Elles ne doivent pas être pénalisées tant sur leur avenir personnel que professionnel. Il faudrait au contraire les encourager à retrouver leur activité précédant l’accident si c’est possible.
La société est si exigeante qu’il faut être le plus performant possible pour la satisfaire. Cependant, nous ne sommes pas des machines mais sommes souvent contraints d’aller au-delà de nos capacités, ce qui entraine malheureusement un nombre croissant d’AVC. Ce qui me frappe également dans ce reportage, ce sont les chiffres qui démontrent que l’accident vasculaire cérébral touche toujours plus de jeunes.»

Nous vous encourageons à regarder ce reportage et nous faire part de vos réactions.

Emission Temps-Present