Michel Piccoli, un très grand du cinéma français

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Michel Piccoli naquit à Paris, le 27 décembre 1925, d’une mère pianiste et d’un père violoniste. Il a une jeunesse à l’abri du besoin. Le petit Michel passe son enfance en Corrèze pour fuir la Deuxième Guerre mondiale. La première fois qu’il a entendu la voix d’Hitler, il a pris peur. Il a connu l’exode en 1940 et conserve le souvenir du trajet de plus de 300 km entre Orléans — Tulle qu’il a parcouru à vélo pour retrouver ses parents. Il raconte cette aventure dans son autobiographie « Dialogues égoïstes ». La perte de son frère, mort avant sa naissance, le marquera toute sa vie durant. Il restera fils unique.

À 18 ans, il veut devenir comédien et suit une formation au Cours Simon. C’est surtout au théâtre qu’il apprend le métier. Il travaille dans la compagnie théâtrale créée par la comédienne Madeleine Renaud et son mari Jean-Louis Barrault. Dans les années 50, il commence par des seconds rôles avec notamment les réalisateurs Jean Delanoë et Pierre Chenal. Mais le réalisateur pour qui il travaillera le plus, c’est l’espagnol Luis Buñuel avec qui il tournera six films.

Les années 60 l’amèneront à découvrir la télévision. Il s’y fera remarquer dans plusieurs téléfilms tels que Montserrat, Egmont et Hauteclaire. Il fera également du théâtre télévisé : « À cette époque-là, c’était du direct. Nous prenions l’antenne à 20h30. Ce n’était pas facile, il y avait des câbles partout, il fallait faire attention de ne pas tomber. Nous étions sans filet. C’est là aussi que j’ai appris mon métier », se rappelle Michel dans une interview pour le magazine Gala.

En 1963, il retrouve le cinéma à l’âge de 38 ans. Il tourne dans « Le Mépris » de Jean-Luc Godard avec Brigitte Bardot comme partenaire. À partir de là, sa renommée s’installe. Il est appelé par plusieurs réalisateurs reconnus comme Jacques Demy, Agnès Varda, Jacques Rivette, Jean Renoir et même le grand Hitchcock qui lui donne un rôle dans le thriller « L’Étau ».

En 1965, il fera pour la télévision un très beau « Dom Juan » réalisé par Marcel Bluwal qui lui vaut cette image de séducteur élégant, un peu cynique et inquiétant.

Durant les années 70, il formera un duo avec le réalisateur Claude Sautet dans « Les choses de la vie », « Max et les ferrailleurs », « Vincent, François, Paul… et les autres », « Mado ». Films à succès qui sont dans la mémoire collective des amateurs du cinéma français.

Michel Piccoli donne aussi la réplique aux plus grands acteurs du moment comme Marcello Mastroianni, Philippe Noiret ou encore Annie Girardot.

1980 sera l’année où il obtiendra le prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes pour « Le saut dans le vide ».

Grâce à sa parfaite maîtrise de l’italien, il fera également carrière en Italie. Il tournera notamment six films avec Marco Ferreri, le réalisateur de « La Grande Bouffe ».

Michel adore jouer des rôles de petits-bourgeois étriqués dont il aime se moquer.

Tout en poursuivant sa carrière, l’acteur passe derrière la caméra et réalise « Alors voilà » en 1997, « La plage noire » en 2001 et « Ce n’est pas tout à fait la vie dont j’avais rêvé » en 2005.

Dans les années 2000, il retournera à son premier amour, le théâtre.

À 86 ans, malgré son âge avancé, il tournera son dernier film « Habemus Papam » réalisé par Nanni Moretti. Il interprète le rôle d’un pape, ce qui lui vaut le prix du meilleur acteur en 2011. À cet âge-là, c’est du jamais vu !

Vie privée
Michel Piccoli a eu une fille, Anne-Cordélia, avec l’actrice Éléonore Hirt qu’il épouse en 1954. Le couple se sépare après quelques années. En 1966, il se remarie en secondes noces, avec la chanteuse Juliette Gréco, dont il se sépare dix ans plus tard. Depuis 1980, Michel Piccoli partage la vie de la scénariste Ludivine Clerc. Le couple a adopté deux enfants d’origine polonaise, Missia et Inord.

Michel Piccoli est décédé le 12 mai 2020 d’un accident cérébral.

60 ans de carrière
Michel tournera plus de 200 films et téléfilms commerciaux, mais aussi des films plus intimistes qui s’adressent à un public averti et passionné.
Une anecdote à propos de sa mort. Il disait en 2009 dans l’émission « Pardonnez-moi » sur la RTS : « ce jour-là ce sera moi le plus triste, je me regretterai beaucoup ».

Michel Piccoli était un acteur que j’ai découvert dans ma jeunesse. Les films que j’ai aimés sont cités en tête de liste dans l’article. Je souhaitais lui rendre un hommage après sa mort récente. Il avait une présence incroyable sur scène. C’était un acteur remarquable qui crevait l’écran ! Le dernier film de Piccoli que j’ai vu est « La Voleuse » où il donne la réplique à Romy Schneider. Ce film m’a beaucoup touché. Il raconte l’histoire d’une mère qui retrouve son enfant qu’elle a abandonné à la naissance, six ans plus tard. Elle tient absolument à le récupérer. Son compagnon, joué par Piccoli, essaye de l’en dissuader. Ce thriller touchant m’a bouleversé. Je voulais privilégier un hommage à ce grand acteur. Je parlerai donc de ce film dans un prochain article.

Chapeau l’artiste !