Le bowling adapté aux aveugles et malvoyants

Par Celya
le bowling adapté aux personnes déficientes visuelles

Découvrez une discipline à la fois méconnue en Suisse et captivante : le bowling adapté aux personnes déficientes visuelles. Ici, les joueurs avancent sur la piste, guidés non par la vue, mais par le son, souvent celui de la voix d’un guide placée au bout de la piste, leur indiquant l’axe à suivre.

Trois catégories, une passion commune

Ce sport est reconnu par l’IBSA (la Fédération internationale des sports pour personnes aveugles), qui classe les joueurs en trois catégories selon leur acuité visuelle :

  • B1 : pour les personnes totalement aveugles. Elles portent un bandeau et peuvent être aidées pour positionner la boule.
  • B2 : pour les personnes avec une faible perception lumineuse. Une assistance verbale peut les guider.
  • B3 : pour les joueurs ayant une vision résiduelle plus développée. Ils peuvent jouer de manière plus autonome.

Les compétitions internationales, notamment les IBSA World Games, rassemblent ces athlètes tous les quatre ans, dans des épreuves en solo, en double, en trio ou par équipes.

En Suisse : entre loisirs et inclusion

Dans notre pays, le bowling adapté se pratique principalement en tant qu’activité de loisir. À Genève et Lausanne, les sections locales de la Fédération Suisse des aveugles et malvoyants (FSA) organisent des séances régulières, notamment pour les jeunes adultes de 18 à 40 ans.

Ces moments, encadrés et accessibles, offrent bien plus qu’une simple partie : ils favorisent les rencontres, le partage et le plaisir du jeu, sans que le handicap ne soit un frein.

Le bowling du futur : technologie et entraide

Pour faciliter la pratique, les joueurs des catégories B1 et B2 peuvent être aidés d’un assistant vocal, positionné à l’extrémité de la piste, qui leur indique la direction ou l’axe à viser. Dans toutes les catégories, les joueurs peuvent utiliser des barres de guidage dans la zone d’approche afin d’éviter de commettre des fautes.

Mais les innovations ne s’arrêtent pas là. Des prototypes de systèmes à vision assistée sont testés : ils pourraient à l’avenir signaler la trajectoire de la boule ou le nombre de quilles restantes grâce à des retours sonores, et offrir encore plus d’autonomie aux joueurs.

Vous voulez essayer ?

Vous êtes tenté de tester une séance de bowling en mode sensoriel ? Que vous soyez concerné par une déficience visuelle ou que vous souhaitiez simplement accompagner quelqu’un, vous pouvez contacter la Fédération Suisse des aveugles et malvoyants (FSA) pour connaître la date de la prochaine rencontre.

Témoignage de Vincent Tourel, président du Groupe Sportif des Handicapés de la Vue de Lausanne

À 56 ans, Vincent Tourel vit avec une rétinite pigmentaire, une maladie dégénérative qui altère progressivement la vision. Président du Groupe Sportif des Handicapés de la Vue de Lausanne, il s’est essayé au bowling sonore à une ou deux reprises, accompagné d’un guide. Une expérience qu’il décrit comme « amusante et inclusive ».

Pour lui, ce type d’activité contribue pleinement à l’inclusion des personnes malvoyantes. Son association œuvre justement dans ce sens en proposant une large palette de sports adaptés : marche, raquettes à neige, vélo tandem, aviron ou encore stand up paddle.

Témoignage de Laurent Castioni, président de la jeunesse (FSA, section genevoise).

Âgé de 61 ans, Laurent Castioni est malvoyant depuis l’âge de 12 ans. Il a consacré une grande partie de sa carrière à la Fédération Suisse des Aveugles et Malvoyants, où il a travaillé pendant quinze ans. D’abord en tant que vice-président, il en est devenu le président il y a maintenant neuf ans.

La Fédération favorise l’inclusion des personnes aveugles et malvoyantes en proposant des activités ludiques, sportives et culturelles adaptées. Elle collabore également étroitement avec des bureaux d’architectes afin d’améliorer l’accessibilité, que ce soit dans les transports publics ou dans les bâtiments.

Laurent Castioni propose un rendez-vous annuel autour du bowling sonore, afin que les participants puissent s’amuser, se rencontrer et créer des liens amicaux. « C’est un moment convivial où tout le monde passe un bon moment », souligne-t-il.
Avec humour, il ajoute : « Il est clair que nous avons besoin d’un accompagnateur voyant pour jouer au bowling sonore… sinon, il y a un risque que la boule finisse au bar plutôt que sur la piste ! »

Pour lui, le bowling sonore représente malgré tout une avancée vers l’inclusion. Néanmoins, il reconnaît que ce n’est pas son sport préféré, car il n’est pas toujours facile de jouer sans pouvoir suivre la trajectoire de la boule.

Pour plus d’information

Fédération suisse des aveugles et malvoyants

IBSA